Le moment où jamais d’exploiter nos minéraux critiques

La Colombie-Britannique pourrait être un leader mondial dans les minéraux critiques, à condition que les politiques évoluent rapidement

par Michael Goehring, président et directeur général de la Mining Association of British Columbia

Au moment où le monde s’efforce d’atteindre l’objectif net-zéro d’ici 2050, la Colombie-Britannique a les atouts nécessaires pour devenir un fournisseur privilégié de minéraux critiques nécessaires à la transition. Cela représente des milliards de dollars de développement économique, des milliers d’emplois bien rémunérés et la possibilité d’accélérer la réconciliation économique avec les peuples autochtones.

Les événements géopolitiques ont mis les minéraux critiques au devant de la scène mondiale

Car ils sont au cœur de la réalisation des objectifs climatiques, de croissance économique et de sécurité. Le Canada et ses alliés travaillent donc activement à réduire leur dépendance à l’égard des approvisionnements chinois et russes en minéraux critiques.

Le gouvernement du Canada s’est donné l’objectif ambitieux de développer l’ensemble de la chaîne de valeur des minéraux critiques, de l’exploration à l’extraction, au traitement, au raffinage et au recyclage jusqu’à la fabrication. Sa stratégie vise en fait à promouvoir le leadership du Canada à titre de fournisseur mondial responsable de minéraux critiques.

Riche de 17 des 31 minéraux critiques présents au Canada, la Colombie-Britannique peut jouer un rôle essentiel dans cette stratégie. Elle est le premier producteur de cuivre et de charbon métallurgique du Canada, le deuxième producteur d’argent et le seul producteur de molybdène. Elle produit également plusieurs autres minéraux critiques comme l’aluminium, l’antimoine, le germanium, l’indium, le plomb et le zinc. Par ailleurs, les mines et fonderies de la province ont l’une des plus faibles empreintes carbone du monde, grâce à l’usage étendu d’une électricité propre.

Le budget fédéral de 2023 prévoit des incitatifs fiscaux de 80 G$ sur les dix prochaines années pour les minéraux critiques, l’électrification et les technologies propres. Cette somme s’ajoute aux 3,8 G$ d’engagements prévus au budget 2022 et dans l’énoncé économique de l’automne 2022.

La principale mesure favorable au secteur des minéraux critiques est le crédit d’impôt à l’investissement dans la fabrication de technologies propres. Il représente 30 % des coûts de la machinerie et de l’équipement nécessaires à l’extraction, au traitement, à la fabrication et au recyclage des minéraux critiques essentiels à une chaîne d’approvisionnement propre pour les technologies. Cela devrait accélérer l’afflux des capitaux nécessaires aux projets naissants de l’industrie des mines et de la fonderie, qui viendront alimenter les secteurs des véhicules électriques et des batteries en Amérique du Nord.

Ce soutien du gouvernement, conjugué aux investissements et initiatives du secteur privé, comme les usines de batteries pour véhicules électriques dans le sud de l’Ontario par exemple, est un tremplin important pour l’industrie minière canadienne qui pourra ainsi affirmer son leadership mondial dans l’exploration, l’extraction, le traitement et le raffinage des minéraux critiques.

Cela étant, des obstacles importants persistent, particulièrement dans le processus d’octroi des permis pour les grands projets miniers. Les délais doivent être raccourcis sans nuire à la protection de l’environnement. Les investisseurs mondiaux évaluent leurs possibilités au Canada et dans d’autres pays.

Grâce à la stratégie sur les minéraux critiques et au budget de 2023, nous avons une chance de montrer aux investisseurs mondiaux, ainsi qu’à nos alliés, que le Canada est capable de livrer à chaque étape de la chaîne de valeur.

La Mining Association of British Columbia a d’ailleurs fait des recommandations à cet égard aux gouvernements fédéral et provincial, dont l’une – essentielle – consiste à assurer une cohérence dans les processus d’autorisation et d’octroi de permis, et notamment dans la détermination du « régulateur le mieux placé » lorsqu’il y a chevauchement des compétences. Dans les évaluations environnementales, par exemple, la substitution des processus devrait être la règle et non l’exception.

Ces mesures doivent aller de pair avec des initiatives visant à assurer que les nations autochtones aient les capacités administratives et techniques ainsi que la gouvernance nécessaires pour participer, à leurs conditions, à l’examen des grands projets d’exploitation de minéraux critiques. Il est essentiel, par ailleurs, que les plus hauts niveaux de gouvernement soutiennent la création d’instruments financiers qui permettent aux nations autochtones de prendre des participations au capital de ces projets. La responsabilité de ce financement devrait incomber au gouvernement fédéral.

La Colombie-Britannique a actuellement 13 projets d’exploitation de minéraux critiques à moyen terme ainsi que des possibilités de traitement et de recyclage. Plusieurs d’entre eux pourraient entamer le processus réglementaire d’ici 12 à 18 mois. Ils s’ajoutent à six projets de production d’or, de cuivre et de charbon sidérurgique qui devraient atteindre le stade de la décision finale d’investissement dans 12 à 18 mois également.

Ce sont là des opportunités sans précédent qui risquent d’être perdues si nous n’agissons pas rapidement.

Pour débloquer le potentiel des minéraux critiques en Colombie-Britannique et au Canada, il faut de la vision, un leadership fort et une action concertée des gouvernements fédéral et provincial, en étroite collaboration avec les nations autochtones, les collectivités et l’industrie.

La demande pour les minéraux critiques devrait être multipliée par six d’ici 2040. Il faut donc agir maintenant. L’opportunité est sous nos pieds.

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