Perspectives canadiennes 2023 des rapports ESG

Vos rapports ESG sont-ils complets? Notre analyse des rapports ESG des plus grandes entreprises canadiennes vous permettra de le vérifier.

En bref

  • Les entreprises canadiennes prennent l’information ESG plus au sérieux, mais ne sont pas préparées pour les exigences d’information à venir.
  • Les rapports ESG et l’information financière sont encore traités séparément par plusieurs entreprises. Cela limite leur capacité à créer de la valeur.
  • Bien que les investisseurs s’y intéressent de plus en plus, les entreprises canadiennes laissent passer des occasions importantes d’améliorer la crédibilité de leurs rapports ESG.

Les entreprises canadiennes savent que leurs parties prenantes attendent d’elles qu’elles intègrent les considérations environnementales, sociales et de gouvernance (ESG) dans l’ensemble de leur exploitation. Cependant, répondre à ces attentes ne se limite pas à dire ce que le public veut entendre.

Les investisseurs, clients et employés, et les organismes de réglementation, demandent une information mesurable, vérifiable et complète.


Par conséquent, les entreprises qui ne pourront pas prouver qu’elles prennent des mesures significatives pour réaliser leurs engagements risquent d’être accusées d’écoblanchiment.

Ces attentes sont en outre appelées à augmenter. Les organismes de réglementation, notamment les Autorités canadiennes en valeurs mobilières, la U.S. Securities and Exchange Commission et la Commission européenne, ont introduit des obligations d’information sur les enjeux ESG, ou sont en train de le faire. Mais ces organismes ne sont pas les seuls. D’autres parties prenantes exigent la publication de cette information. Il s’agit d’un virage important, et de nombreuses entreprises canadiennes ne sont pas préparées.

Sachant cela, nous avons procédé à une évaluation des rapports ESG publiée par les 250 plus grandes sociétés canadiennes cotées en bourse, selon leur chiffre d’affaires et leur capitalisation boursière. Pour la deuxième années consécutive, nous avons utilisé notre cadre d’évaluation exclusif pour analyser la stratégie, la significativité, les cibles, les indicateurs de performance, la certification et d’autres éléments des rapports ESG de ces sociétés.

Il ressort de notre analyse que les entreprises canadiennes prennent les enjeux ESG plus au sérieux, mais qu’elles ne réussissent pas à suivre le rythme des attentes croissantes de leurs parties prenantes.

77 %

des entreprises n’intègrent pas les principes du Groupe de travail sur l’information financière relative au changement climatique (TCFD) dans leurs rapports, ce qui laisse supposer qu’elles ne sont pas préparées pour répondre aux obligations d’information fondées sur ces principes.

38 %

des entreprises n’ont pas encore intégré leur information sur les enjeux ESG et la gestion du risque dans leurs rapports financiers. Les investisseurs veulent savoir comment une entreprise identifie ses principaux risques et ses opportunités ESG, les engagements qui en découlent, les progrès dans leur réalisation et leurs implications financières. Une présentation cohérente de ces éléments témoigne réellement de la création de valeur et se distingue largement d’un simple rapport de conformité.

59 %

des entreprises ne parlent que de leurs résultats positifs; elles manquent ainsi une occasion de gagner la confiance de leurs parties prenantes grâce à une information équilibrée et vérifiable.

73 %

des entreprises canadiennes ne recourent pas à la certification externe (modérée ou raisonnable) de leur information ESG – c’est pourtant une mesure forte qui ajoute de la crédibilité.

Une adoption progressive des meilleures pratiques

Mais il y a de bonnes nouvelles pour les entreprises qui travaillent à l’amélioration de leur information ESG et pour les parties prenantes qui se fient à cette information :

La normalisation des cadres de présentation des rapports ESG progresse

La tendance vers une information obligatoire incite les entreprises à utiliser les normes reconnues mondialement, plutôt qu’une combinaison de cadres internes et externes qui manque de clarté.

Le nombre d’entreprises ayant pris un engagement net-zéro – quoiqu’encore faible – augmente

Et il est encore plus encourageant de noter que de nombreuses entreprises qui avaient annoncé leur engagement ont à présent mis en place un plan de réalisation et publient des données pour montrer leur progression.

La fonction Finances joue un rôle de plus en plus important en matière de rapports ESG

Elle utilise ses compétences en information financière, en gestion des risques et en collecte et contrôle des données pour fixer des objectifs ESG, les mesurer et les publier. Ces équipes apportent également leur expérience dans la vérification des indicateurs et le suivi des exigences réglementaires pour assurer la conformité. Certains enjeux ESG sont complexes et parfois inconnus des professionnels de la finance, mais il est toujours avantageux pour l’entreprise d’intégrer les équipes ESG et Finances pour poursuivre leur perfectionnement et acquérir une perspective plus large des risques et des opportunités.


Les entreprises canadiennes doivent intensifier leurs efforts pour saisir ces opportunités. Mettre en place les structures de gouvernance, les systèmes de collecte des données et les contrôles internes prend du temps, et tout cela doit être fait avant que les rapports ESG deviennent obligatoires et dans un contexte où les clients, les fournisseurs, les employés et d’autres parties prenantes ont des attentes grandissantes. Il faut donc agir maintenant.

Les principaux enjeux ESG

Nous avons analysé de plus près plusieurs enjeux ESG auxquels les parties prenantes accordent généralement la priorité :

La majorité des entreprises canadiennes travaillent encore à faire l’inventaire de leurs émissions de gaz à effet de serre, notamment au calcul de leurs émissions de portée un, deux et trois, et à la publication d’une information sur leur action climatique qui réponde aux attentes des parties prenantes et aux exigences d’information.

Cependant, les parties prenantes exigent des entreprises qu’elles aillent au-delà de la réduction des émissions et qu’elles s’engagent à parvenir au zéro émission nette afin de répondre de façon significative aux enjeux climatiques. Près du tiers (30 %) des entreprises que nous avons analysées ont un objectif net-zéro. C’est un pas important. Mais il est aussi important qu’elles aillent plus loin et qu’elles publient leurs plans pour la réalisation de leurs objectifs ainsi que des données qui témoignent de leur progrès à cet égard.

Il existe aussi des écarts dans la façon dont les entreprises canadiennes intègrent les processus de gestion des risques climatiques à l’ensemble de leur gestion des risques. Cet élément est important car il les aide à mieux comprendre les risques qui touchent directement leurs résultats financiers. Par exemple, 48 % seulement publient leur processus d’identification, d’évaluation et de gestion des risques climatiques. Moins encore (15 %) parlent des opportunités induites par le changement climatique et des possibilités qu’elles présentent pour elles. Cela rend plus difficile la tâche des investisseurs qui cherchent à comprendre comment des investissements dans diverses initiatives ESG peuvent créer une entreprise plus durable – en termes de valeur comme de valeurs

L’analyse des scénarios de changement climatique est l’une des techniques utilisées pour mesurer les risques et les opportunités climatiques. Les dix entreprises canadiennes ayant le niveau de maturité le plus élevé selon notre étude ont toutes procédé à cette analyse et en ont publié les résultats. Mais la pratique n’est pas répandue. Moins d’un quart (22 %) des entreprises incluent une analyse des scénarios de changement climatique dans leur information, en dépit du fait qu’il s’agisse d’une recommandation du Groupe de travail sur l’information financière relative au changement climatique (TCFD).

La nature et la biodiversité sont des considérations fondamentales dès lors que l’on parle de changement climatique. Elles sont également essentielles à la résilience de nombreuses entreprises du seul fait qu’une part considérable de l’économie mondiale dépend des ressources naturelles et de la nature en général. La nature et la biodiversité seront par conséquent les thèmes centraux de la COP27 sur le changement climatique et de la COP15 sur la biodiversité, ce qui ne manquera pas d’attirer l’attention des organismes de réglementation.

L’International Sustainability Standards Board envisage d’inclure une norme sur la biodiversité dans ses prochains exposés-sondages. Par ailleurs, le Taskforce on Nature-related Financial Disclosures (TNFD), groupe de travail sur l’information financière relative à la nature, travaille actuellement à l’élaboration d’un cadre mondial d’information et de gestion des risques relatifs à la nature. Ce cadre contient des exigences d’information similaires à celles du TCFD, cadre qui constitue actuellement la base des exigences d’information sur le changement climatique dans le monde entier. Mais peu d’entreprises canadiennes incluent les risques et opportunités liés à la nature et à la biodiversité dans leur information ESG.

La plupart des leaders canadiens en information ESG publient de l’information sur les risques relatifs à leur capital naturel. Plus précisément, huit des dix entreprises les plus performantes dans notre analyse évaluent leur dépendance à l’égard du capital naturel et de l’écosystème. Le pourcentage tombe à 48 % lorsqu’on examine l’ensemble. Certaines publient également leurs prévisions des limitations futures sur la disponibilité de leur capital naturel et leur stratégie de gestion de cette pénurie. Elles ne représentent que 36 % des sociétés que nous avons analysées.

 

Le Canada est l’une des sociétés les plus diverses du monde. Les parties prenantes s’attendent par conséquent à ce que cela soit reflété dans les plus grandes entreprises du pays. 

L’information sur la diversité publiée par les entreprises canadiennes est centrée sur le genre et les groupes LGBTQ+, et fait peu de place aux peuples autochtones, aux personnes handicapées et aux minorités visibles. Le nombre d’entreprises annonçant des politiques d’inclusion des personnes LGBTQ+ est passé de 21 % en 2021 à 28 % cette année. Mais les progrès sont maigres sous d’autres aspects. Comme l’an dernier, 56 % ont une politique de diversité des genres, mais seulement 25 % ont établi des objectifs et sont capables de publier des résultats mesurables.

Les parties prenantes s’intéressent à d’autres aspects de l’exploitation, notamment à l’incidence des politiques de diversité et d’inclusion sur les décisions relatives à la chaîne d’approvisionnement. Seulement 30 % des entreprises publient cette information, pourcentage inchangé par rapport à l’an dernier.

Le rapport final de la Commission de vérité et réconciliation du Canada contenait 94 appels à l’action, dont un appel aux entreprises canadiennes pour qu’elles adoptent la Déclaration des Nations-Unies pour les droits des peuples autochtones et en appliquent les principes et normes dans leurs politiques et activités concernant les peuples autochtones, leurs terres et leurs ressources.

Bien que cet important rapport ait été publié en 2015, de nombreuses entreprises canadiennes n’ont pas encore de cadre de réconciliation. Moins d’une sur cinq (19 %) parmi les sociétés incluses dans notre analyse publie un plan d’action pour la réconciliation. Ce chiffre n’a pas évolué depuis l’an dernier. Et seulement 38 % – contre 27 % en 2021 – ont des politiques sur les relations avec les Autochtones, notamment des programmes de formation et de perfectionnement, des investissements dans les communautés et des mécanismes spécialisés de résolution des plaintes, griefs et autres problèmes.

Réaliser les avantages des rapports ESG

Les entreprises canadiennes évoluent dans un environnement où le succès à long terme dépend de certains facteurs non financiers qui ont un impact financier de plus en plus grand. Les parties prenantes veulent connaître l’incidence de ces facteurs sur les affaires de l’entreprise. Elles veulent également s’assurer que l’information publiée est cohérente, crédible et comparable.

Pour comparer votre information ESG à celle de vos pairs, remplissez le formulaire ci-dessous. Et ne manquez pas nos articles à venir sur l’amélioration des rapports ESG.

Mais une information ESG de qualité n’est pas qu’une simple question de communication avec les parties prenantes. Identifier les risques et les opportunités liés aux enjeux ESG, et mettre au point des stratégies pour gérer ces risques, sont indispensables au maintien de la capacité de l’entreprise à réaliser sa mission et à assurer sa réussite financière. Pour cela il faut constituer ce que nous appelons une communauté de professionnels de la résolution des problèmes , c’est-à-dire une équipe d’experts internes et externes à l’entreprise qui travailleront ensemble pour créer des rapports ESG de haute qualité. Prendre des engagements fermes à l’égard de la durabilité, fixer des objectifs pertinents et suivre les progrès à l’aide d’indicateurs, d’outils de collecte de données et de processus de validation permettent de gagner la confiance des parties prenantes, ce qui en soi est une source essentielle de création de valeur à long terme.

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