Secteur énergétique canadien : les investisseurs se préoccupent des facteurs ESG.

Il est temps pour l’industrie de suivre.

Adam Crutchfield
Leader national, Énergie et leader du groupe Conseils de l’Alberta, PwC Canada 

Khurram Asghar
Associé en Certification et leader du groupe Services énergétiques de l’Alberta, PwC Canada

Avec la participation de Dan O’Brien, associé, Solutions pour un développement durable, PwC Canada et de Janice Noronha, associée, Solutions pour un développement durable, PwC Canada.

Les leaders du monde entier réunis au Forum économique mondial Davos 2020 se sont intéressés en priorité à l’écologie, au développement social et au progrès industriel, thèmes importants qui intéressent toutes les entreprises aujourd’hui. Le moment était donc bien choisi pour la publication des résultats de la 23e enquête annuelle mondiale de PwC auprès des chefs de direction, qui témoignent d’un niveau record d’incertitude en ce qui concerne les facteurs environnement, société et gouvernance (ESG).

Sans surprise, les facteurs ESG sont devenus des critères essentiels pour l’investissement. Ils fournissent un cadre utile pour l’évaluation des risques et la réalisation de rendements durables corrigés du risque. Le secteur énergétique canadien devrait s’y intéresser – et agir. Nous avons les moyens de restaurer la confiance et de convaincre les marchés et les investisseurs que les entreprises canadiennes sont à la hauteur de leurs engagements ESG. Mais nous avons besoin de mettre en place les systèmes nécessaires pour le prouver.

Selon notre enquête mondiale auprès des chefs de direction, les leaders reconnaissent de plus en plus les avantages de la protection de l’environnement, non seulement pour les investissements et la réputation, mais aussi pour le développement de nouveaux produits et services. En 2010, seulement 2 % des dirigeants d’entreprises chinois voyaient ce potentiel; ils sont 47 % aujourd’hui. Et si cette prise de conscience et cet intérêt sont en croissance dans la plupart des pays, ils sont en recul dans quelques autres – dont le Canada où le pourcentage est passé de 21 % à 18 % sur les dix dernières années. Nous devons corriger le tir : il est temps que les dirigeants canadiens saisissent l’opportunité que représentent les facteurs ESG pour insuffler de la longévité et de la résilience dans des modèles industriels et commerciaux en plein changement.

Nous avons besoin d’une meilleure concertation entre le gouvernement et les industries

Dans le Daily Oil Bulletin’s 2019 Oil & Gas Outlook Report, les professionnels du secteur de l’énergie de l’Alberta affirment que la priorité du gouvernement devrait être l’amélioration des accès aux marchés et l’instauration d’une réglementation favorable. Seulement 4 % d’entre eux ont parlé de diversification, 1 % ont souhaité la mise en place d’une politique pancanadienne d’échange de carbone et de gaz à effet de serre, et aucun n’a soutenu l’idée d’une politique climatique nationale ou d’un renforcement des liens avec les communautés autochtones. Pourtant, ce sont là les quatre priorités du gouvernement.

Dans un monde en pleine transformation, où les facteurs ESG sont un élément essentiel de différenciation, cette divergence de points de vue semble dépassée. Le secteur énergétique canadien est proactif et travaille depuis longtemps à diversifier ses activités et à développer des technologies pour réduire ses émissions. Alors pourquoi ne pas ouvrir la voie à un modèle plus collaboratif? Nous devrions tous pouvoir être fiers de notre secteur de l’énergie et des politiques énergétiques canadiennes. Avec nos seuils très stricts et notre solide sens de l’éthique, nous devrions être un aimant pour les investissements internationaux et un modèle de réglementation, de conformité et d’information responsables pour le reste du monde.

Les acteurs du secteur devraient travailler ensemble – et en collaboration avec les décideurs politiques – pour faire la démonstration que l’énergie canadienne est un bon investissement et que, même si nous évoluons vers une économie faible en carbone et même si nous anticipons les risques pertinents dans nos valorisations, nos entreprises continuent d’exploiter les possibilités qui se présentent pour optimiser le rendement sur investissement.

Nous devrions également faire valoir un nouveau point de vue : les exigences de transparence, de reddition de comptes et de responsabilité sociale de l’entreprise du Canada sont supérieures à celles des autres pays producteurs de pétrole et de gaz. Le faire savoir et exiger les mêmes normes de la part de nos homologues mondiaux n’est pas seulement un élément de solution, mais bien un facteur de différenciation par rapport à notre concurrence. Mais cela exige la collaboration de tous les intervenants.

Nous sommes plus près d’une information efficace sur les facteurs ESG qu’on ne le pense

Bien que de nombreuses entreprises énergétiques canadiennes aient du mal à standardiser leurs rapports ESG, la plupart ont déjà tous les outils nécessaires. Moyennant quelques ajustements mineurs, elles pourraient lancer un cadre exhaustif et significatif pour mesurer les succès et les menaces :

  • La plupart des sociétés d’énergie et de ressources disposent déjà de systèmes de gestion des risques sanitaires et environnementaux. Tous les mécanismes d’information, de conformité et de rapports sont prévus dans ces systèmes qui ont largement la confiance des dirigeants et des régulateurs.
  • De même, elles se fient à leurs systèmes de gestion des risques d’entreprise pour identifier les risques matériels et commerciaux, et disposent des contrôles nécessaires pour les gérer. Ces systèmes peuvent être adaptés pour mesurer des indicateurs liés à la gouvernance sociale.
  • Les systèmes de gestion des actifs permettent de tenir un inventaire détaillé des actifs de l’entreprise. Ils constituent par conséquent un excellent outil d’évaluation des risques et de leur impact sur ces actifs. Ils peuvent aider à mieux comprendre l’incidence du changement climatique sur l’entreprise et à en mesurer les conséquences financières et matérielles.

Les facteurs ESG doivent être au cœur de nos stratégies

Capitaliser sur ces fonctionnalités sera essentiel pour établir des normes et s’y tenir. Parallèlement, les pratiques ESG comme la compréhension du risque, la réduction des déchets, l’utilisation efficace des ressources et la conformité permettront de découvrir de nouvelles efficiences. Le développement durable a deux avantages : il rend l’entreprise plus résiliente et lui permet d’avoir un impact social et environnemental positif.

Les entreprises énergétiques canadiennes ont déjà un impact dans le monde. Elles sont des leaders en santé et sécurité du travail et elles investissent dans les collectivités qu’elles touchent. Il leur faut à présent renforcer les mécanismes de protection de l’environnement, établir des mesures d’évaluation et de performance, intégrer les facteurs ESG dans la mission de l’entreprise et répondre aux grandes préoccupations actuelles des investisseurs et du public.

Ces initiatives ne peuvent être déléguées à un service ou à un comité – elles relèvent du chef de la direction. Notre enquête 2020 révèle que les chefs d’entreprise canadiens ne sont pas suffisamment engagés envers l’ESG. Il est temps pour eux de montrer à leurs investisseurs, clients et concurrents qu’à l’aube de cette nouvelle décennie, le secteur énergétique canadien est prêt à prendre les rênes.

Les pressions en faveur du développement durable montent. Cela signifie que votre entreprise doit établir des pratiques exemplaires concernant la gestion des risques et les communications relatives à l’environnement, à la société et à la gouvernance, et renforcer sa crédibilité auprès des investisseurs.

Contactez-nous pour savoir comment nous avons aidé nos clients à répondre aux enjeux ESG dans leur entreprise.

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