Dans notre Bilan semestriel de 2023 sur les fusions et acquisitions au Canada, publié en juin 2023, nous avons indiqué que nous avions encore des raisons d’être optimistes et que nous nous attendions à ce que le volume de transactions revienne lentement aux niveaux habituels, vu le ralentissement du rythme des hausses de taux d’intérêt et le recul de l’inflation.
Cependant, et depuis juillet, nous avons observé une baisse marquée du volume et de la valeur des transactions. En fait, le volume de transactions du troisième trimestre a été le plus faible depuis 2017, et au 30 novembre 2023, le quatrième trimestre semble ne pas faire exception. Entre le 1er juillet et le 30 septembre 2023, 576 transactions ont été conclues au Canada, pour une valeur totale de 45 G$.1
Le groupe d’analyse économique et politique de PwC Canada s’attend à ce que les conditions difficiles du marché du travail canadien et les pressions sur les salaires s’atténuent au cours de la prochaine année, en raison de la forte immigration et de la baisse prévue de l’inflation qui devrait redescendre à 2 % plus tard en 2024. Afin de réduire les répercussions des taux élevés sur les ménages, la Banque du Canada devrait commencer à baisser graduellement les taux d’intérêt au cours du prochain trimestre ou du suivant. Nous croyons que cela permettra aux investisseurs de revenir à un niveau normal de transactions.
Dans le contexte actuel, il demeure essentiel de réaliser les transactions avec rigueur, surtout considérant le coût plus élevé du capital. Au cours de la prochaine année, les investisseurs devront donc évaluer attentivement la valeur stratégique de chaque opportunité avant d’aller de l’avant.
Dans cet article, nous présentons trois segments clés de l’économie canadienne qui pourraient offrir des opportunités intéressantes aux investisseurs au cours des prochains mois.
De nombreuses raisons peuvent amener des entreprises à éprouver des difficultés financières, dont une concurrence intense, un contexte économique en évolution, un environnement technologique changeant ou un événement perturbateur imprévu.
Compte tenu du contexte mondial et des conditions macroéconomiques actuels, il n’est pas étonnant de commencer à voir des signaux clairs (par exemple, des sociétés de premier ordre qui réduisent leur effectif) qui indiquent que le marché est sous pression. Cependant, il faudra peut-être plusieurs trimestres avant qu’un nombre important d’organisations soient confrontées à des problèmes de liquidités. De nombreuses entreprises disposent encore de liquidités dans leur bilan, mais celles-ci s’amenuisent.
Pour l’instant, nous observons des signes de détresse dans l’immobilier, en particulier dans les immeubles de bureaux et les tours d’appartements en copropriété peu performants. Il s’agit d’une conséquence de la hausse des taux d’intérêt, de la diminution du nombre d’acheteurs et de la baisse des dépôts pour lancer de nouveaux projets de construction. Les dirigeants ou les parties prenantes de secteurs de l’économie sensibles à la faiblesse de la demande des consommateurs doivent également être très vigilants.
Les entreprises qui ne peuvent pas faire payer la facture aux consommateurs peuvent se retrouver très rapidement dans une situation de pénurie de liquidités.
Dans la foulée de la progression du marché des transactions dans les entreprises en difficulté, nous croyons que les organisations bien capitalisées pourront réaliser des acquisitions stratégiques à des valeurs attrayantes.
Au Canada, les transactions dans les secteurs de l’énergie, des services publics, des mines et de l’industrie (ESPMI) ont été plus robustes. Au troisième trimestre de 2023, les ESPMI représentaient 66 % de la valeur des transactions, leur apport le plus élevé depuis le troisième trimestre de 2021. Le secteur minier, en particulier celui des minéraux critiques, a joué un rôle important dans cette situation.2
Cependant, ce secteur n’est pas à l’abri des turbulences économiques. Nous observons un déclin du prix des matières premières des batteries, en raison du ralentissement de la demande chinoise, de l’incertitude économique et géopolitique actuelle et du contexte difficile pour le financement. Nous constatons également une certaine hésitation dans les transactions, qui tardent à être mises en branle et à se conclure.
Pour celles qui vont de l’avant, les processus de fusions et acquisitions continuent de prendre plus de temps, en raison d’un examen encore plus minutieux de la part des investisseurs, des gouvernements et des autres parties prenantes.
Néanmoins, les perspectives globales des fusions et acquisitions pour les minéraux critiques demeurent très positives. En effet, les minières continuent de se positionner en vue de la transition énergétique qui devrait faire augmenter la demande pour les minéraux critiques. La sécurité de l’approvisionnement et la mise en place de chaînes d’approvisionnement locales sont aussi des éléments importants des fusions et acquisitions dans ce secteur, en raison des préoccupations liées à l’approvisionnement futur en minéraux critiques. Cette situation se traduit par une tendance pour les investissements minoritaires, les coentreprises et les partenariats visant à partager le risque d’investissement et à garantir l’approvisionnement. Les risques géopolitiques et les mesures prises par les gouvernements stimuleront également les transactions dans le secteur des minéraux critiques (disponible en anglais seulement).
Au-delà des fusions et acquisitions, le secteur des minéraux critiques fait l’objet d’investissements importants. Dans le marché minier et industriel canadien, de nombreux investissements ont été réalisés dans l’écosystème des batteries de véhicules électriques (VE), qu’il s’agisse de projets miniers, d’usines de transformation, de fabricants de matériaux actifs de batteries ou de fabricants de cellules de batteries. Cette tendance résulte d’une combinaison d’investissements d’entreprises canadiennes dans la chaîne de valeur des VE et d’investissements d’entreprises étrangères dans le marché canadien, soutenus par des programmes de subventions et d’incitatifs attrayants au Canada.
Dans la foulée de la régionalisation des chaînes de valeur, une intégration verticale plus poussée jusqu’au produit fini sera essentielle pour soutenir le développement des chaînes de valeur des VE.
Nous nous attendons à ce que les minéraux critiques soient l’un des secteurs les plus actifs – et un moteur clé des transactions de fusions et acquisitions au Canada – au cours des prochaines années et de la décennie à venir.
Après une période de détermination des prix, l’évaluation des actifs se stabilise, en raison d’une certaine pression à la hausse due à plusieurs facteurs. Ceux-ci comprennent les réserves de liquidités que veulent déployer les fonds de capital-investissement ayant effectué des levées de fonds à la fin de 2022 et au début de 2023, le nombre moins élevé de transactions disponibles et la concurrence accrue des acquéreurs stratégiques.
Le nombre de plateformes de transactions disponibles sera probablement plus faible en glissement annuel en raison de la disponibilité des actifs et du coût du capital, si bien que nous nous attendons à ce que les fonds de sociétés à moyenne capitalisation se concentrent plutôt sur les acquisitions complémentaires.
Ce faisant, le volume de transactions pourrait augmenter alors que la valeur globale des transactions sera plus probablement à la baisse.
Selon nous, les taux d’intérêt élevés combinés au marché du crédit étroit et au processus d’appels d’offres concurrentiel devraient se traduire par une attention accrue sur la création de valeur ainsi qu’une disponibilité restreinte des professionnels en la matière. Nous nous attendons également à une augmentation des transactions sur le marché secondaire, car plusieurs facteurs convergent en faveur de cette catégorie d’investissement : la pression des commanditaires pour redistribuer des fonds, la difficulté de lever de nouveaux capitaux et une meilleure acceptation de ce type de transactions.
Les fonds qui cherchent à avoir accès aux investisseurs individuels (y compris les sociétés de gestion du patrimoine familial) s’orienteront vers des fonds à durée indéterminée et à capital variable. Nous prévoyons que les commanditaires dont l’horizon de placement est plus long (par exemple, les régimes de retraite et de rentes) souhaiteront placer des capitaux dans ces structures, du moins dans le contexte de taux élevés à court terme.
Les entreprises qui se préparent aujourd’hui deviendront des chefs de file lorsque l’environnement des fusions et acquisitions retrouvera sa robustesse. Pour tirer parti des opportunités et conclure des transactions de façon réussie, elles doivent être prêtes à se mobiliser, à identifier rapidement la bonne cible, à évaluer l’opportunité, à exécuter la transaction et à atténuer les risques.
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