Le Canada s’oriente vers un modèle de soins de santé qui place les patients au centre de ses activités. Dans le contexte de la hausse des cas de maladies chroniques, accentuée par les changements démographiques, les patients assument un rôle plus grand dans la gestion de leur santé, et plus actif dans leurs interactions avec les fournisseurs de soins de santé.
En parallèle, de nouveaux outils numériques soutiennent cette participation plus active des patients à la prise en charge de leur santé et de leur mieux-être. Grâce à ces innovations, ils peuvent notamment accéder à des renseignements médicaux, comme les résultats de tests diagnostiques, sans même quitter la maison. Parmi ces outils, certains sont financés par le gouvernement, d’autres sont couverts par des assurances privées et d’autres encore sont entièrement payés par les patients.
Les consommateurs manifestent un intérêt croissant pour les applications de santé et de mieux-être qu’ils peuvent installer sur leurs appareils personnels. En effet, d’après l’enquête Consumer Insights de PwC, 2 % des Canadiens sondés ont indiqué qu’ils utilisaient une application médicale, de soins de santé, de mieux-être ou de conditionnement physique qu’ils avaient installée sur leur montre, leur téléphone ou leur tablette. Chez les 25 à 34 ans, cette proportion montait à 37 %, et près de la moitié des répondants (46 %) se sont dits plutôt à l’aise d’utiliser des produits ou des services de santé par l’intermédiaire d’une application qui centraliserait tous leurs renseignements.
Mais ces outils et produits n’interagissent pas nécessairement avec le système de santé lui-même. Vu qu’une tendance de fond priorise l’expérience client et que les gens participent plus activement à la prise en charge de leurs maladies chroniques et se mobilisent davantage pour leur santé et leur mieux-être, leurs attentes à l’égard des services évoluent. Ils sont désormais en quête d’une expérience de soins de santé intégrée et intégrale, qui tient compte de leurs besoins personnels.
On constate une évolution croissante du rôle des patients vers des comportements propres aux consommateurs. Parallèlement, les prestataires et fournisseurs de services de santé s’efforcent d’éliminer les points de friction dans l’expérience de santé et mieux-être. L’ensemble de ces changements convergent vers ce qu’on appelle le virage patient-client dans le secteur de la santé.
32 % des Canadiens ont déclaré utiliser une application médicale, de soins de santé, de mieux-être ou de conditionnement physique installée sur leur montre, leur téléphone ou leur tablette
Le virage patient-client, c’est la personnalisation de l’expérience à chaque point de contact avec des services de santé. Voici comment un usager pourrait décrire cette expérience :
« Je peux faire le suivi de ma pression artérielle à distance. Mes prestataires de soins de santé ont accès en temps réel à mes renseignements et peuvent les utiliser non seulement pour coordonner mes soins, mais également pour prendre contact avec moi lorsque mes résultats ne sont pas optimaux. Je reçois des alertes lorsque ma pression artérielle grimpe, ce qui m’indique que je dois prendre mon médicament pour préserver ma fonction rénale. »
La question suivante a été posée aux 1 591 répondants à l’enquète de PwC : « Dans quelle mesure est-il probable que vous choisissiez les options de soins de santé suivantes si elles vous permettaient d’économiser et que la technologie ou le service était offer sur le marché? »
Pour assurer sa viabilité et améliorer ses résultats, notre système de santé public doit s’adapter à l’évolution des attentes et des comportements des Canadiens. D’ici à ce que le virage patient-client se concrétise dans un système public-privé intégré, nous assisterons à une hausse des investissements stratégiques en santé et mieux-être. Ceux-ci prendront la forme d’initiatives de prévention, de solutions novatrices et de modèles intégrés de prestation de soins incluant la participation d’acteurs privés, comme les détaillants, les pharmacies et les employeurs. Une analyse prospective a prévu que les budgets mondiaux de santé publique augmenteraient de 42 % de 2018 à 2030. Au cours de cette période, la proportion globale des soins traditionnels et des médicaments dans les budgets diminuera au fur et à mesure que se développeront d’autres volets, tels que la santé numérique, la prévention et les diagnostics.
Mais des questions essentielles demeurent sans réponse. Par exemple, qui sera responsable de ce virage vers un système de santé entièrement intégré offrant des expériences client personnalisées? Et de quelle manière les secteurs public et privé collaboreront-ils pour améliorer équitablement les résultats de santé? De nombreux obstacles ont jusqu’ici entravé cette transition, qu’il s’agisse des modèles de financement inadéquats ou de la nature fragmentée du système de santé au Canada. Pour transformer le système, il faudra conjuguer judicieusement les changements politiques aux approches souples et dynamiques.
Nous sommes convaincus que les obstacles peuvent être surmontés. Par exemple, il n’y a aucune raison pour que le soutien à la commercialisation d’innovations et de technologies de la santé au Canada entre en conflit avec la Loi canadienne sur la santé. L’agilité des organisations du secteur privé peut contribuer à accélérer cette transformation et à répondre aux priorités des consommateurs tout en améliorant les soins et l’accès. Or, pour nous aider à atteindre nos objectifs en santé, le secteur privé doit participer officiellement au processus, au lieu de manœuvrer sur la marge.
Dans le secteur de la santé, l’adaptation des expériences au virage patient-client représente une opportunité majeure. Nous devons donc nous attendre à ce que les investissements dans ce sens se poursuivent dans les secteurs privé et public de la santé. Mais pour maintenir l’innovation dans les soins de santé au Canada et en exploiter tout le potentiel, les secteurs public et privé doivent travailler ensemble. Ils doivent pour cela garder l’esprit ouvert et adopter des objectifs communs, en considérant les patients comme des clients, dont les comportements et la rétroaction sont déterminants.
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