Le balado « CEO Viewpoints »

Épisode 3 : Oser prendre les devants sur la voie vers le net zéro (partie 1 de 2)

(en anglais seulement)

« Il y a un mois, nous avons publié notre premier rapport sur le développement durable, dans lequel nous rendons publics les objectifs et les paramètres que nous mettons en place, la manière dont nous allons nous juger, et dont nous voulons que les autres nous jugent également. Et l’une des choses que je vais faire, c’est partager ce rapport avec d’autres personnes dans le secteur et dans d’autres secteurs pour dire "Écoutez, je vous envoie ça non pas pour faire la promotion d’Aviva, mais parce que j’aimerais bien que vous fassiez mieux que nous" ».

Jason Storah, chef de la direction, Aviva Canada

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Comment les organisations peuvent-elles aller au-delà des engagements ESG pour concrétiser leur responsabilité?

Malgré les pressions croissantes pour remédier au changement climatique, les organisations canadiennes ont encore du chemin à faire pour rattraper leurs homologues dans la course mondiale à la décarbonisation. D’après l’édition 2022 de notre Enquête mondiale annuelle auprès des chefs de direction, seulement 12 % des répondants canadiens ont déclaré avoir pris l’engagement de réduire leurs émissions de gaz à effet de serre à net zéro, par rapport à 22 % à l’échelle mondiale. Alors, comment les dirigeants d’entreprises canadiens peuvent-ils accélérer le progrès, en particulier à l’heure où les parties prenantes ne se contentent plus d’engagements, mais exigent de plus en plus des plans de transition concrets et des mesures d’imputabilité?

Dans cette première partie d’un épisode à deux volets de la série balado « CEO Viewpoints », l’animateur Elliott Cappell s’entretient avec le chef de la direction d’Aviva Canada, Jason Storah, pour explorer l’approche du net zéro par cette organisation. Ils parlent de la vitesse à laquelle les enjeux liés à l’environnement, la société et la gouvernance (ESG) ont évolué, des diverses conséquences des changements climatiques pour les assureurs et de l’importance pour une organisation de lier la gestion de ces enjeux à sa stratégie d’affaires et à sa mission. Ils parlent aussi de la nécessité de s’assurer que les activités ESG ne se limitent pas à un exercice de cases à cocher en privilégiant des actions concrètes qui sont mobilisatrices et pertinentes pour les parties prenantes, y compris les employés. Ils exploreront de manière plus approfondie les enjeux ESG et les questions liées aux changements climatiques dans le deuxième volet de cet épisode. Alors, restez à l’écoute pour en savoir plus sur ce sujet essentiel.

Ne manquez pas d’écouter notre série balado, de la partager et de vous y abonner dès maintenant. Si vous avez apprécié l’épisode d’aujourd’hui, faites-le nous savoir en laissant un commentaire sur Apple Podcasts.

Elliott : Bonjour et bienvenue à la série balado « CEO ViewPoints » de PwC Canada, où nous discutons des principaux thèmes de notre 25e Enquête mondiale annuelle auprès des chefs de direction. Les organisations subissent des pressions de la part des actionnaires, des investisseurs et des clients pour aller au-delà de l’objectif net zéro. On attend de plus en plus des plans de transition concrets, des rapports transparents, ainsi qu’un leadership et une responsabilité accrus de la part des dirigeants. Dans nos deux derniers épisodes, nous avons parlé de la façon dont les facteurs environnement, société et gouvernance, connus sous le nom d’ESG, se sont hissés au sommet des priorités de stratégie et de transformation. Aujourd’hui, nous allons poursuivre la conversation sur l’ESG dans cette première partie d’un épisode en deux volets. Cette fois, nous allons nous concentrer davantage sur le concept « net zéro » et sur l’importance pour les dirigeants de prendre des mesures audacieuses pour assurer l’avenir. Je m’appelle Elliott Cappell et je serai votre hôte pour cet épisode spécial en deux parties. Je suis associé et leader national, Changements climatiques chez PwC Canada. Merci beaucoup de vous joindre à nous aujourd’hui. Nous avons un invité extraordinaire. Jason Storah, chef de la direction d’Aviva Canada, nous parlera des stratégies d’ESG de cette entreprise et de ses efforts pour atteindre l’objectif net zéro. Bienvenue, Jason.

Jason : Bonjour Elliott. Merci de me recevoir.

Elliott : Merci d’être venu à bord. Nous pourrions peut-être commencer par vous demander de nous parler de votre parcours en tant que chef de la direction d’Aviva Canada.

Jason : Donc, je suis chez Aviva depuis 18 ans maintenant, et je suis chef de la direction depuis les trois dernières années. Mais avant d’occuper ce poste, j’ai assumé diverses fonctions dans toutes les unités d’Aviva Canada. Je pense donc que je connais bien cette entreprise. Je pense en fait connaître assez bien le secteur de l’assurance au Canada en général. Quand j’ai été nommé à mon poste actuel, on a dit de moi que j’étais un vétéran de l’industrie canadienne de l’assurance. Le mot « vétéran » ne m’a pas emballé, mais c’est sans doute à cause de mon ego et de ma tendance à nier mon âge. Mais bon, le fait d’avoir exercé une série de rôles différents implique que je connais bien cette entreprise. Je pense avoir vu, vous savez, différentes parties du cycle de l’assurance au Canada et comment nous et le reste de l’industrie y avons réagi. Et j’ai aussi vu l’évolution de choses comme l’importance des collectivités et l’émergence de l’ESG. Vous savez, il n’y a pas si longtemps, nous ne parlions pas d’ESG en tant qu’entreprise. Donc, le fait que nous en soyons tous conscients et qu’Aviva dans son ensemble ait pris, je pense, une position de leadership aussi remarquable, est épatant en soi. Mais oui, je connais bien cette entreprise. J’occupe le poste de chef de la direction depuis bientôt trois ans, à une semaine près. Donc, j’ai évidemment vécu les neuf ou dix premiers mois comme un chef de direction normal, je dirais, bien que nouveau dans le rôle, et puis la COVID a frappé. Pendant la majeure partie de mon mandat en tant que chef de la direction, je me suis senti comme tous ceux qui devaient gérer le monde dans lequel nous vivons maintenant depuis les deux dernières années de pandémie, y compris le télétravail et tout le plaisir qui en découle. C’est une grande entreprise et je suis très chanceux d’avoir ce rôle.

Elliott : Félicitations pour votre troisième anniversaire!

Jason : Merci.

Elliott : J’aimerais commencer par poser une question générale sur le secteur de l’assurance, parce que quand on parle des changements climatiques au sens large, l’énergie, l’agriculture, les infrastructures, d’autres aspects de l’économie réelle, et puis les grands investisseurs, les fonds de pension, les banques, même la finance durable, ont tendance à prendre beaucoup d’oxygène. Je dirais que le secteur de l’assurance n’est pas souvent à l’avant-plan de cette conversation. Alors, quels sont les principaux moteurs de votre secteur et comment a-t-il joué un rôle de leader en matière de changements climatiques?

Jason : Oui, l’ironie de cette question, c’est que le secteur des assurances voit probablement les impacts du changement climatique davantage, ou certainement autant, que les autres secteurs. Vous savez, si on pense au passé, il y a une statistique qui circule selon laquelle dans les années 80, les catastrophes naturelles, ou les événements météorologiques, coûtaient à l’industrie des assurances au Canada entre 25 et 50 millions de dollars par an. Au cours des trois dernières années, ils ont coûté à l’industrie plus de 2 milliards de dollars par an. Les effets du changement climatique sont donc clairement visibles. On pense aux impacts des événements météorologiques sur le marché canadien, qu’il s’agisse d’ouragans sur la côte nord-est qui touchent le Canada atlantique, puis le Québec et l’Ontario, d’ouragans et de tempêtes en été en Alberta ou d’inondations en Colombie-Britannique comme nous l’avons vu en novembre. Vous savez, cette année en mai, il y a eu une tempête, principalement en Ontario, mais aussi au Québec, qui a coûté à l’industrie près d’un milliard de dollars. Donc, un milliard de dollars de perte en l’espace de 46 heures. Je pense donc que l’industrie de l’assurance a une bien meilleure vue d’ensemble des impacts du changement climatique et de la façon dont le climat évolue autour de nous que probablement bien d’autres industries. Et cela nous coûte certainement cher en tant qu’industrie. Et comme vous le savez, je pense, la meilleure réclamation est celle qu’on ne fait jamais, car personne ne veut avoir un sous-sol inondé. Personne ne veut voir un incendie ravager sa maison ou une fuite du toit causer des dommages. Donc, plus on peut faire pour s’éduquer soi-même et, dans notre industrie, éduquer les consommateurs sur les choses qu’ils peuvent faire pour limiter les dégâts, mieux c’est. Ensuite, en cas de sinistre, les assurés peuvent mieux reconstruire leurs propriétés et être dans une meilleure position à l’avenir. Vous savez, beaucoup d’études montrent que si l’industrie ou les assurés payaient des coûts supplémentaires de réparation après un sinistre, ils pourraient rendre leur toit ou le revêtement de leur maison plus résistants. Ils pourraient se protéger des sous-sols inondés. Et, vous savez, nous voyons tous les impacts de la montée des eaux et de la volatilité accrue des événements météorologiques. Je pense donc que c’est très, très réel pour le secteur de l’assurance. Et nous tentons d’être bien au fait de ces impacts et de réfléchir à ce que ça signifie pour les gens à l’avenir.

Elliott : C’est intéressant de voir que les exemples que vous avez donnés concernent vraiment les impacts physiques du changement climatique, la résilience, l’impact de l’environnement sur nous. Et pourtant, vous savez, une grande partie de la conversation aujourd’hui tourne autour de la décarbonisation, donc de notre impact sur l’environnement. Alors comment avez-vous réussi à utiliser cette conversation, qui porte sur notre impact immédiat, pour faire avancer les objectifs très ambitieux de votre organisation en matière de changement climatique?

Jason : En effet. Eh bien, Aviva a été le premier grand assureur au monde à présenter un objectif de zéro émission nette d’ici 2040. Maintenant, 2040 est encore loin, mais l’échéance arrivera plus vite qu’on ne le croit, et on doit dès maintenant prendre les mesures nécessaires pour réaliser cet objectif. Pour ce qui est de la décarbonisation, nous menons des activités avec nos partenaires pour nous assurer qu’ils se basent sur des objectifs scientifiques pour s’engager à réduire leur empreinte carbone, à atteindre l’objectif net zéro, si possible dans un délai raisonnable. La façon dont nous avons procédé est la suivante : la première chose que nous devons faire est de devenir net zéro dans nos propres opérations. La deuxième chose que nous voulons faire est de travailler avec des partenaires qui s’engagent à devenir net zéro dans un horizon de temps raisonnable. Mais, vous savez, ce n’est pas un problème facile à résoudre et ce n’est pas un défi facile à relever à courte échéance. L’approche que nous avons adoptée consiste donc à collaborer avec les gens, et non à les exclure, parce que c’est une industrie complexe. Vous connaissez le dicton : « il faut un village ». Il faut un village pour que le secteur de l’assurance fonctionne bien. Il faut donc travailler avec tous les membres de ce village et donner une chance à chacun. C’est donc à nous de prendre ces engagements, et surtout de montrer l’exemple. Je pense aussi que nous sommes très conscients qu’Aviva ne va pas changer le monde à elle seule. Mais si nous établissons la norme, qu’il s’agisse du calendrier des engagements que nous avons pris ou des actions concrètes que nous entreprenons, je suis fermement convaincu que les autres suivront. Pensez à l’espace des véhicules électriques et à la façon dont il a émergé, je veux dire, presque explosé au cours des dernières années. C’est particulièrement aigu en ce moment à cause de la crise. Dans l’ensemble, c’est lié à l’inflation, à la chaîne d’approvisionnement, au prix du pétrole et du gaz, etc. Mais, il n’y a pas tant d’années que cela, les gouvernements offraient des incitatifs pour encourager les gens à acheter des véhicules électriques. Maintenant, un certain nombre de ces gouvernements n’ont pas besoin d’offrir ces incitatifs. En fait, dans certaines parties du monde, les gouvernements parlent de percevoir plus de taxes sur les véhicules électriques pour faire face à certains des défis auxquels ils sont confrontés. Alors, à quelle vitesse cet environnement a-t-il changé? Je pense que nous constatons la même chose dans le domaine de l’assurance, qu’il s’agisse de l’impact climatique et des événements et conditions météorologiques extrêmes, ou de l’impact futur de la perte de biodiversité. Aviva s’intéresse de près à la perte de biodiversité. Nous avons un formidable partenariat avec le Fonds mondial pour la nature, au Canada et à l’échelle mondiale. Mais vous savez, il faut choisir ses priorités. Et l’une des choses que nous avons toutes apprises ces dernières années, c’est que le changement climatique est un problème si important, presque écrasant, qu’il peut être très facile de rester à l’écart, d’analyser et de tourner en rond. Mais en fait, il faut bien commencer quelque part. Et même si vous ne commencez que par vos propres opérations ou votre façon d’interagir avec vos clients ou vos partenaires, c’est un début. Cela vous mettra sur la voie de choses plus grandes et meilleures.

Elliott : J’aimerais vous poser une question sur la dernière chose que vous avez dite, en particulier sur le fait de commencer. Comme vous l’avez dit, il n’y a pas si longtemps, l’ESG n’était pas vraiment au premier rang des priorités et les choses ont changé très vite autour des VE et d’autres aspects du défi. Donc, d’après vous, en tant que leader, quel a été le catalyseur? Qu’est-ce qui vous a poussé à faire avancer l’ESG ou le changement climatique dans l’ordre du jour?

Jason : Il y a eu plusieurs motivations. La première était personnelle. J’ai un fils de 11 ans dont je ne sais pas quel avenir l’attend. Il aime la nature. Il aime les insectes, les animaux. Quand j’étais petit, j’adorais regarder les films de David Attenborough. De nos jours, David Attenborough donne une impression très différente du monde qui nous entoure et de ce que nous lui faisons subir. Donc je pense que juste à un niveau personnel, on sent que ce n’est pas quelque chose qu’on peut tout simplement ignorer. Deuxièmement, je pense que c’est très pertinent pour le secteur d’activité dans lequel je suis et l’entreprise pour laquelle je travaille. Le changement climatique a un impact sur nos clients tous les jours et à certaines périodes de l’année plus que d’autres. Nous constatons donc le coût financier du changement climatique. Nous voyons l’impact des événements météorologiques et les réclamations des gens. Et nous devons prendre les devants, parce que la situation ne fait qu’empirer. Et puis, je pense qu’il y a des leçons à tirer de la COVID, n’est-ce pas? La COVID a le plus durement frappé les plus vulnérables. Ça n’a pas été une chose qu’on pouvait simplement ignorer et qui disparaîtrait d’elle-même. Et c’est la science qui nous a permis de traverser cette épreuve, et qui nous permet encore de surmonter la COVID grâce à la recherche médicale. Donc, quel est le lien entre la COVID et le changement climatique, me direz-vous? Eh bien, la COVID-19 a été vraiment un événement majeur, mais ce n’est rien en comparaison avec les conséquences potentielles du changement climatique. Donc je regarde ça et je pense que toutes ces choses s’alignent. Et puis, comme je l’ai dit, je travaille pour une entreprise dont la mission est d’être avec vous aujourd’hui pour un lendemain meilleur. Et on ne peut pas réaliser cette mission si on ne pense pas à demain. Et on ne peut pas penser à demain sans tenir compte du climat et des impacts qu’il aura sur nos clients. Vous savez, j’ai la chance de penser que certains aspects de ma vie personnelle et de ma vie professionnelle se rejoignent assez bien. Mais même si je n’avais pas cette vision holistique des choses, n’importe laquelle de ces composantes de l’ESG serait suffisamment importante pour que je pense : « Il faut que je m’informe davantage sur ce sujet. Je dois faire une plus grande différence et avoir un plus grand impact, que ce soit dans ma vie personnelle ou dans le rôle que j’occupe chez Aviva ».

Elliott : Je trouve ça très convaincant, et je suis sûr que beaucoup de gens dans votre organisation et dans votre secteur sont d’accord avec moi. Mais quelles sont les stratégies utilisées pour mobiliser les gens dans votre organisation et dans l’industrie de manière plus générale, d’après votre expérience personnelle? Faites-vous le parallèle avec la COVID? Qu’est-ce qui vous a semblé le plus efficace?

Jason : La première chose, d’après moi, c’est que si on peut relier le climat ou l’ESG plus largement à la mission qu’on a en tant qu’organisation, c’est une façon vraiment facile de sensibiliser les gens. Et ce lien n’est pas présent dans toutes les entreprises ni tous les secteurs. Bien que je pense qu’aujourd’hui, vous savez, si vous dites que vous croyez qu’il est important d’être net zéro, je pense que toute industrie peut essayer de trouver un lien avec le net zéro aujourd’hui. Que doivent faire les entreprises pour devenir net zéro et pourquoi est-ce important? Pourquoi est-ce pertinent pour leurs employés et pour leurs clients? Je pense que, heureusement pour Aviva, il est facile pour nous de relier l’ESG à notre mission. Je pense que la deuxième chose à faire est de relier l’ESG à la stratégie, car si vous ne la reliez pas à vos principaux objectifs stratégiques, l’effort sera voué à l’échec. Ce ne sera qu’un slogan sur une belle présentation partagée avec le conseil d’administration ou les investisseurs, ou avec vos employés ou vos partenaires. Je pense que l’autre élément clé est de faire en sorte que les gens se mobilisent au niveau de la base. Vous savez, quand nous parlons de devenir net zéro d’ici 2040, nous avons concrétisé cet objectif pour les gens en leur disant : « Ça signifie que nous allons avoir une flotte de véhicules électriques, que nous allons avoir des bureaux à zéro émission, que nous allons utiliser de l’énergie provenant de sources qui sont durables, etc. » Et puis, en juin, nous avons eu notre première journée de développement durable pour tout le personnel, au cours de laquelle 1100 employés ont pu aider dans leurs communautés respectives. Qu’il s’agisse de quelque chose d’aussi simple que de ramasser des déchets, de planter des buissons et des arbres ou des espèces locales, d’essayer de lutter contre les espèces envahissantes, toute une série d’activités que nous avons créées pour que les employés puissent toucher et ressentir de près ce dont nous parlons, parce que sinon, ça semble éloigné, comme de simples mots sur une page. Nous venons de publier il y a un mois notre premier rapport sur le développement durable, dans lequel nous rendons publics les objectifs et les paramètres que nous mettons en place, la manière dont nous allons nous juger, et dont nous voulons que les autres nous jugent également. Et l’une des choses que je vais faire, c’est partager ce rapport avec d’autres personnes dans le secteur et dans d’autres secteurs pour dire « Écoutez, je vous envoie ça non pas pour faire la promotion d’Aviva, mais parce que j’aimerais bien que vous fassiez mieux que nous ». Une seule entreprise ne peut donc pas tout faire. Et vous savez, j’aime une bonne dose de compétition saine tout autant que n’importe qui. Il s’agit donc de lancer un défi : « Voici la barre maintenant, qui peut faire mieux? » Et puis nous pouvons aussi revenir à nous-mêmes et à nos équipes et dire « Vous avez vu ce que ABC a fait? C’est plus audacieux que ce à quoi nous nous sommes engagés. C’est un peu plus ambitieux. Comment pouvons-nous les battre? » Je pense que l’élan collectif est quelque chose que nous devons tous cultiver. L’autre chose dont je suis très conscient est la pertinence de l’ESG. J’entends les gens parler d’ESG, de taxonomie et de définitions et ça semble si éloigné de ce qui est pertinent pour moi et de l’influence que je peux avoir. Mais quand je pense aux impacts que je peux avoir, vous savez, dans ma propre maison ou dans la communauté où nous avons des bureaux ou avec notre personnel, cela pourrait être n’importe quel aspect de l’ESG. Nous avons beaucoup parlé du climat et du développement durable jusqu’à présent, mais je pense à d’autres aspects de l’ESG. À ce propos, je le dis absolument sans honte, Aviva Canada est la première grande société de services financiers au Canada à atteindre la parité de genres au niveau de la direction. Nous avons donc une répartition hommes-femmes de 50-50. Eh bien, la moyenne, je crois, pour les services financiers au Canada, est de seulement 30 à 35 % de femmes parmi les dirigeants. Ce n’est pas suffisant. Et ce n’est que le début d’une réflexion sur un programme de diversité et d’inclusion qui a encore beaucoup de chemin à faire. Donc, je pense qu’on peut considérer n’importe quel aspect du spectre ESG et dire « En quoi cela me concerne et qu’est-ce que je peux faire concrètement à ce sujet? » Et puis, pour conclure, je dirais que les gens ont la responsabilité de signaler quand le dialogue semble trop distant ou trop élevé. Parce que, oui, nous pouvons tous nous informer chaque jour, mais je pense que nous devons maintenant passer à des actions pratiques qui peuvent être des petits pas. Mais si on ne fait pas de petits pas, on ne peut certainement pas apprendre à marcher et à courir plus tard.

Elliott : J’ai eu le plaisir d’interviewer un autre cadre canadien qui m’a fait part d’une réflexion que je vais partager à mon tour avec vous : « Quand l’ESG ressemble à une liste de contrôle, c’est là que vous perdez des gens. »

Jason : Tout à fait.

Elliott : Exact. Il s’agit de savoir si vous gérez votre entreprise de manière à atténuer les risques et à saisir les opportunités dans le monde réel du 21e siècle. Mais dès qu’on leur demande s’ils ont interrogé les entreprises de leur portefeuille sur des enjeux importants précis, c’est là que les gens commencent vraiment à se voiler la face.

Jason : C’est sûr. Et je vais vous dire, dans le domaine de l’assurance, l’une des choses que nous avons vues, c’est que le dialogue dans l’assurance biens et dommages s’est jusqu’à présent limitée en grande partie à « Qu’allez-vous arrêter de faire pour vous rendre plus durable, pour atteindre le net zéro? » En fait, il doit y avoir plus de dialogue sur ce qu’on va commencer à faire. Vous savez, en particulier dans le domaine de l’assurance, dans quelle mesure les pratiques de réclamation des compagnies d’assurance sont-elles respectueuses de l’environnement? Nous savons que lorsque des maisons sont endommagées, tout un tas de matériaux endommagés finissent dans les décharges. Eh bien, il y a d’autres solutions que l’envoi de ces matériaux dans les décharges, et d’autres solutions que l’utilisation de peinture toxique et d’autres matériaux problématiques pour l’environnement. Et ce n’est qu’un aperçu du genre de choses que nous pouvons faire. Mais vous avez raison. Quand les enjeux sont vraiment de haut niveau, c’est si difficile de se mobiliser, je trouve.

Elliott : Eh bien, permettez-moi de poursuivre la conversation avec vous sur ce point. Je vais m’éloigner un peu du script ici parce que vous parlez de réclamations. Superbe exemple, n’est-ce pas? Et vous avez mentionné auparavant le concept de mieux reconstruire, mais je pense que tant de systèmes et de structures que nous avons – et je connais mieux le système public que l’espace de l’assurance privée – sont conçus pour reconstruire de la même façon, pas pour reconstruire mieux. Vous réfléchissez à ça? Comment pouvons-nous dépasser ces obstacles?

Jason : Oui, nous le faisons, je veux dire, si je pense à ces dernières années, il y a eu quelques événements d’assurance vraiment importants ces dernières années. Un à Fort McMurray, un à Slave Lake. C’était à l’époque où la réflexion, l’état d’esprit, le leadership éclairé autour de l’ESG et du développement durable étaient très différents. Aucun de ces événements ne remonte à plusieurs années, mais lors de ces deux événements, nous avons essayé de travailler avec les gouvernements locaux et nous nous sommes adressés aux médias et à d’autres partenaires pour leur dire « Pourrions-nous penser à ne pas reconstruire des maisons là où il y a un risque élevé d’incendie ou d’inondation? Pouvons-nous penser à des coupe-feux? Pouvons-nous penser à des exigences de construction locales différentes, peut-être? » Et je ne veux pas dire que c’est tombé dans l’oreille d’un sourd, mais je pense que la mentalité générale du monde était un peu différente. Je voudrais vraiment, vraiment croire que si et quand ces événements se produisent maintenant, il y aura un groupe de civils plus disposés à penser différemment. Vous savez, en novembre dernier, la Colombie-Britannique a connu des inondations assez dévastatrices. Heureusement, ces inondations se sont produites pour la plupart dans des zones qui étaient assez rurales et où il n’y avait pas de grandes concentrations d’habitants. Bien sûr, cela ne veut rien dire si on était l’une des personnes qui vivaient dans les zones inondées, parce que ces gens ont été très durement touchés. Mais si ces inondations avaient eu lieu dans des zones plus urbaines, le coût aurait été infiniment plus élevé. Et je ne parle pas seulement du coût financier, mais des répercussions sur la vie des gens et de l’ampleur des perturbations que cela aurait entraîné. Donc, à partir des inondations de la Colombie-Britannique, nous avons sélectionné un sous-ensemble des réclamations que nous avons reçues au cours de ces inondations et avons très délibérément décidé de traiter ces réclamations d’une manière beaucoup plus durable. Il ne s’agissait donc que d’un sous-ensemble de ces sinistres. Mais nous avons appris combien il est difficile de se débarrasser des déchets et de les traiter, notamment les matériaux de démolition-déconstruction qui présentent un certain niveau de toxicité. On ne peut pas s’en débarrasser simplement selon un processus normal, que l’industrie n’a généralement pas prévu. Il faut penser différemment. Il faut penser à ce qu’on peut réutiliser plutôt qu’à ce qu’on jette et dont on se débarrasse. Et puis penser différemment aux matériaux qu’on utilise pour reconstruire et, comme vous le dites, pour reconstruire un peu mieux. Mais là encore, il est plus coûteux de remplacer un vieux toit par un toit plus résistant à la grêle ou aux inondations. Il est plus coûteux de remplacer le revêtement de la maison par un revêtement résistant au feu. Il faut donc tenir compte de toutes ces choses. Mais ce que j’espère que nous ferons, et certainement Aviva, et j’espère que le secteur le fera, c’est que nous transmettrons ces enseignements à nos clients et à nos partenaires en leur disant « Voilà pourquoi, oui, votre prime pourrait être supérieure de quelques points, mais voici l’impact que cela aura sur vous et l’impact que cela aura en cas de sinistre ». Par la suite, la technologie de fabrication de revêtements résistants au feu et de toits résistants à la grêle s’améliorera et le coût de ces produits diminuera. Mais c’est en partie le secteur qui crée la demande et qui incite ces producteurs et ces fournisseurs à faire ces choses. Ils se développent, renforcent leurs capacités, et leurs produits deviennent plus répandus et courants qu’aujourd’hui.

Elliott : Tout cela me parle. C’est vrai pour une grande partie du travail que j’ai fait dans l’infrastructure résiliente et d’autres actifs réels. On voit ça dans le secteur de l’énergie, de la décarbonisation, n’est-ce pas? On peut utiliser les économies d’énergie pour stimuler la performance. Alors que du côté de la résilience, comme vous l’avez dit, l’installation d’un toit ou d’un revêtement résistant au feu, l’amélioration de la qualité de l’air intérieur, ou toute autre mesure de résilience qu’on tente de mettre en œuvre, engendrent généralement des coûts supplémentaires. Jusqu’à ce qu’on prenne en compte les pertes évitées, et celles-ci sont très difficiles à monétiser. C’est donc ce delta du coût des impacts physiques, qui s’est avéré, je pense, encore insaisissable dans ce pays. Et c’est réjouissant de voir Aviva jouer un rôle de leader en essayant de s’attaquer à certains de ces enjeux.

Jason : Oui. Vous venez d’aborder quelque chose là, et je ne me souviens pas de la statistique exacte, mais c’est terrible de constater que ça ne joue pas en notre faveur du point de vue de notre empreinte carbone à l’échelle mondiale. Quand on regarde le peloton de tête, dont nous faisons partie, nous sommes en bas de l’échelle. Et je pense que de nombreux Canadiens seraient surpris et déçus de voir le genre de pays aux côtés desquels nous nous situons dans ce peloton de tête en ce qui concerne, vous savez, ce que nous faisons et ce que nous ne faisons pas du point de vue du développement durable. Donc, je pense que c’est formidable qu’Aviva prenne ou aspire à prendre une position de leader. Je pense aussi que ce sera encore mieux quand de nombreuses autres entreprises décideront de ne pas laisser Aviva occuper cet espace seule. « Allons-y nous aussi, faisons la différence et prenons nos propres positions de leaders. » Mais, vous savez, le Canada est un pays si vaste géographiquement que, même si je vois les impacts des tempêtes en Alberta, je ne les vis pas si j’habite à Toronto. Je vois les impacts des inondations en Colombie-Britannique, mais je n’ai pas vécu ces inondations. Je vois un peu les impacts du mauvais temps, des tempêtes de mai en Ontario et au Québec, par exemple. Mais comme beaucoup de choses dans la vie, on peut très facilement se sentir éloigné des conséquences et des répercussions avec lesquelles beaucoup de gens vivent. Il y a donc encore beaucoup à faire dans ce domaine.

Elliott : Le temps file, mais il y a tellement de sujets intéressants que nous pouvons aborder. Jason, nous allons faire une pause ici et nous y reviendrons dans le prochain épisode. Merci à nos auditeurs d’avoir été des nôtres aujourd’hui. N’oubliez pas de vous abonner pour écouter la deuxième partie de cette conversation avec Jason. Nous poursuivrons notre discussion en parlant de la communication de la stratégie, de l’importance de la transparence et de l’élaboration d’une feuille de route concrète. Je m’appelle Elliott Cappell et j’ai hâte de vous accueillir au prochain épisode de « CEO Viewpoints ».

Jason Storah

À propos de notre invitée

Jason Storah a accédé au poste de chef de la direction d’Aviva Canada en juillet 2019, après avoir occupé le poste de chef de la distribution. Depuis qu’il a intégré l’équipe d’Aviva Canada en 2004, il a exercé diverses fonctions, dont chef de la gestion des risques et premier vice-président, Développement stratégique. Parallèlement à sa fonction de chef de la direction, il siège au comité directeur du groupe Aviva.

Elliott Cappell

Notre animateur

Elliott Cappell est associé et leader national, Changements climatiques chez PwC Canada. Dans le cadre de ses fonctions, il a conseillé de grandes entreprises, des investisseurs mondiaux et des banques sur la décarbonisation ainsi que sur le risque climatique et la stratégie. Il a collaboré avec tous les paliers de gouvernement au Canada sur la gestion du risque climatique, notamment à titre de chef de la résilience pour la Ville de Toronto.

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Elliott Cappell

Elliott Cappell

Associé, leader national, Changements climatiques, PwC Canada

Tél. : +1 416 687 8175

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