Évolution du rôle du pétrole et du gaz dans la transition énergétique

En dépit des récents événements, le rôle du pétrole et du gaz continue d’évoluer dans le monde – et le secteur devra se transformer pour faire face à l’avenir.

Survol

  • La demande de pétrole et de gaz a été sensiblement perturbée, mais commence à se rétablir alors que les activités économiques redémarrent et que les populations reprennent leurs déplacements.
  • Si les sociétés pétrogazières canadiennes veulent devenir des fournisseurs internationaux de choix, elles ont quelques mesures urgentes et importantes à prendre pour attirer des investissements.
  • Le secteur canadien de l’énergie devrait tabler sur sa position de chef de file en matière de pratiques environnementales, sociales et (ESG) pour se démarquer à l’échelle mondiale.

Avant que nous commencions collectivement à ressentir les effets de ce qui allait devenir la pandémie de COVID-19, des prises de position tranchées étaient observées dans le cadre des débats animés sur l’avenir du pétrole et du gaz dans l’offre énergétique mondiale.

La société était divisée en deux camps opposés. L’un soutenait que les sources d’énergie à base de carbone devaient demeurer enfouies dans le sol et être remplacées par un déploiement massif de projets d’énergie renouvelable à l’échelle mondiale. L’autre soutenait que les changements d’habitudes de consommation et de la demande modifieraient l’utilisation du pétrole et du gaz, mais que la demande de combustibles fossiles se maintiendrait en raison du taux de croissance démographique et de la demande soutenue pour la sécurité énergétique.

Bien que ces deux camps maintiennent toujours leurs positions, le débat a été relégué au second plan alors que le paysage énergétique a connu des changements sans précédent et que les sociétés se concentrent maintenant sur la façon d’exercer leurs activités dans la conjoncture mondiale actuelle de faible croissance. Toutefois, le monde poursuit sa lancée vers une transition énergétique et le temps est venu pour les entreprises de se positionner pour tirer parti de certaines opportunités qui se présenteront à la sortie du creux du cycle.

Le monde poursuit sa lancée vers une transition énergétique, et le temps est venu pour les entreprises de se positionner pour tirer parti de certaines opportunités qui se présenteront à la sortie du creux du cycle.

Demande

À la fin de l’exercice 2019, les projections de l’International Energy Agency’s (IEA) quant à la demande énergétique mondiale démontraient que la demande mondiale de pétrole et de gaz continuait de croître. Ses projections quant à un éventuel plafonnement de la demande, et au moment où il pourrait survenir, toutefois, différaient selon l’étendue et la rapidité de l’adoption de nouvelles politiques énergétiques. Bon nombre d’entreprises partaient de l’hypothèse selon laquelle la demande de pétrole et de gaz continuerait d’augmenter à moyen terme essentiellement en raison des économies en développement en Asie. Toutefois, cette perspective a rapidement changé avec le confinement des populations dans différents pays dans le but de ralentir la propagation de la COVID-19 et d’en atténuer l’impact.

Hand pumping gas in car

Il ne fait aucun doute que la demande a été — et continuera d’être —affectée à court terme. Cela dit, nous aimerions tous savoir comment évolueront les choses à moyen et à long terme.

Ces efforts de confinement pour réduire la mobilité et l’activité sociale ont eu un effet presque immédiat et draconien sur la demande énergétique. Comme l’IEA l’a soulevé, la pandémie de COVID-19 représente le choc le plus important qu’ait connu le système énergétique mondial depuis plus de 70 ans.  Dans son rapport intitulé Global Energy Review 2020, l’IEA prévoit un recul de 6 % de la demande d’énergie en 2020, soit sept fois le taux observé après la crise financière mondiale de 2008.

Il ne fait aucun doute que la demande a été —et continuera d’être — affectée à court terme. Cela dit, nous aimerions tous savoir comment les choses évolueront à moyen et à long terme.

Alors que les pays ont amorcé un retour à la normale, nous avons commencé à observer une certaine reprise de la demande énergétique. Toutefois, nous nous attendons à certains changements quant aux types d’énergie utilisés. Et alors que nous nous dirigeons vers ce que divers experts qualifient de récession à grande échelle, une partie importante de la population mondiale pourrait continuer à dépendre de la source d’énergie la moins coûteuse et la plus facilement accessible, soit les combustibles fossiles, à l’exception du charbon. Donc, à divers égards, les producteurs de pétrole et de gaz pourraient se retrouver exactement dans la même position qu’avant la pandémie, et continuer de composer avec un monde divisé entre deux camps opposés.

Quelle est, donc, l’opportunité à saisir pour la suite des choses? Étant donné la nature cyclique du secteur, nous prévoyons une reprise et une croissance dans cinq ans. D’ici là, l’offre excédentaire actuelle aura sans doute été épuisée. Étant donné l’importante réduction des investissements en prospection et développement dans l’intervalle, nous pourrions éventuellement assister au retour d’une insuffisance de l’offre

Approvisionnement

C’est évident : même en dépit des récents changements, le monde aura encore besoin de pétrole et de gaz — à tout le moins dans un avenir prévisible. La question qui se pose est donc qui les fournira?

Si les sociétés pétrogazières canadiennes veulent devenir des fournisseurs internationaux de choix dans ce marché qui ne cesse d’évoluer, elles devront déployer des efforts considérables pour attirer les investissements massifs dont elles auront besoin au cours des années à venir

Au Canada, malgré notre environnement politique chargé des derniers temps, marqué au cours de la dernière année par des manifestations contre les pipelines et par l’opposition des provinces à un régime pancanadien de tarification du carbone, il existe un certain consensus quant au fait que le pays doit construire plus d’infrastructures pour répondre à la demande nationale et offrir une plateforme d’exportation visant à soutenir la reprise et la croissance de l’économie canadienne.

Si les sociétés pétrogazières canadiennes veulent devenir des fournisseurs internationaux de choix dans ce marché qui ne cesse d’évoluer, elles devront déployer des efforts considérables pour attirer les investissements massifs dont elles auront besoin au cours des années à venir. Les sociétés canadiennes continueront de prendre des décisions stratégiques quant à la façon d’être des gestionnaires d’actifs responsables et de développer leur entreprise pour être en mesure d’exploiter leurs activités avec efficacité dans le cycle baissier actuel. Et pour se démarquer des concurrents à l’échelle mondiale, elles devront continuer de tabler sur d’importants facteurs de différenciation liés aux critères environnement, société et gouvernance d’entreprise (ESG).

L’avantage ESG

Le secteur canadien a l’occasion de tirer parti de son historique de pratiques de premier plan en matière de développement responsable pour établir des pratiques qui le distingueront réellement des sociétés énergétiques à l’échelle mondiale. Déjà avant la crise actuelle, les critères ESG s’imposaient rapidement comme les nouveaux critères essentiels pour l’investissement : les investisseurs étaient à la recherche de stabilité et de plans d’affaires solides. Et maintenant, à la lumière des événements des derniers mois, nous nous attendons à ce que les investisseurs s’intéressent davantage aux entreprises en mesure de démontrer qu’elles ont à cœur la santé et la sécurité de leurs employés, collectivités et chaînes d’approvisionnement tout en continuant de mettre l’accent sur les engagements à long terme en matière de climat pris avant la pandémie de COVID-19.

Les sociétés pétrogazières canadiennes sont déjà des leaders en matière de principes ESG dans le monde. Ces principes comprennent des normes élevées en matière de santé et sécurité des employés, des antécédents d’aide à l’autonomisation des collectivités dans lesquelles elles exercent leurs activités et d’investissement dans ces collectivités, le soutien d’une tarification raisonnable du carbone par le gouvernement et un engagement envers les nouvelles technologies de réduction des émissions. Toutefois, le défi consiste à faire valoir cet état de fait aux investisseurs.

Ce n’est toutefois pas si simple. Alors que les entreprises élaborent le discours qu’elles veulent présenter aux investisseurs, elles doivent comprendre que la définition des indicateurs ESG est dynamique, les cadres et structures d’évaluation étant en constante évolution. Il sera donc essentiel d’établir quels concepts des ESG attirent particulièrement les investisseurs et d’instaurer un système de notation canadien mesurant ces indicateurs avec précision.

L’opportunité la plus claire et évidente pour les sociétés pétrogazières canadiennes consiste à mettre de côté la concurrence naturelle entre les acteurs du secteur pour l’obtention de parts du marché et à se tourner vers les nouveaux enjeux et exigences découlant de la montée du mouvement ESG. Menés par les chefs de direction de notre secteur énergétique, nous avons l’occasion unique d’ouvrir la voie à la réussite collective pour les prochaines décennies en accueillant à bras ouverts la diversification qu’apportera la transition énergétique mondiale tout en protégeant et en faisant progresser l’économie canadienne.

Conclusion

La dernière transformation du secteur de l’énergie est déjà amorcée, stimulée par les préoccupations quant aux changements climatiques et par le constat à l’échelle mondiale de la nécessité de réduire de manière draconienne les émissions de carbone tout continuant à sortir chaque année des millions de personnes de la pauvreté énergétique, alors qu’on prévoit une augmentation de la demande d’énergie sous toutes ses formes.

Face à ces préoccupations et à l’incertitude découlant de l’impact de la COVID-19, il est impératif que les entreprises agissent proactivement et prennent les devants en ce qui a trait aux principes ESG tout en se préparant autant que possible à émerger à titre de leaders du monde énergétique de demain.

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