Transformer la conformité pour accélérer la croissance

De nombreuses entreprises canadiennes ont adopté des plans pour renforcer leur viabilité à long terme en réponse aux mesures commerciales américaines. Selon le Sondage de PwC Canada sur l’impact des tarifs, ces plans comprennent l’exploration de nouveaux marchés (mentionnée par 55 % des répondants), la recherche d’occasions de fusion, d’acquisition et de partenariats (30 %) et l’accélération des améliorations de la productivité (28 %). Ces mesures s’ajoutent à celles déjà en cours qui visent à modifier considérablement la manière dont les entreprises canadiennes créent, captent et fournissent de la valeur en réinventant leur modèle d’affaires. Par exemple, notre Enquête mondiale auprès des chefs de direction montre que 37 % des répondants canadiens (38 % à l’échelle mondiale) déclarent que leur entreprise a fait son entrée dans de nouveaux secteurs au cours des cinq dernières années.

Ces mesures peuvent comporter des risques importants en matière de conformité, car elles s’accompagnent de modifications des effectifs, des systèmes, des données, des activités et des réseaux de vente de l’entreprise. De fait, plus des trois quarts des répondants canadiens à notre Sondage mondial sur la conformité ont souligné que la transformation numérique était une initiative clé nécessitant des compétences en matière de conformité. En outre, plus de la moitié estiment qu’ils auront besoin de soutien en matière de partenariats et d’alliances (voir le graphique).

Cela dit, la plupart des répondants affirment que la complexité de la conformité a eu une incidence négative sur leur entreprise dans plusieurs domaines générateurs de croissance, à savoir la mise en œuvre et la maintenance des systèmes et des données informatiques (92 % des répondants canadiens et 88 % à l’échelle mondiale), la transformation et le changement au sein de l’entreprise (92 %, contre 81 % à l’échelle mondiale) et l’attention et la concentration de la haute direction (86 %, contre 82 %). Ces résultats témoignent de la nécessité pour les entreprises de faire évoluer la conformité afin d’en atténuer l’impact commercial et de libérer son potentiel de création de valeur.

Commencer par intégrer des spécialistes de la conformité dans les initiatives stratégiques permet à l’entreprise d’anticiper les incidences de la conformité avant de s’engager. La fonction conformité aide ensuite l’entreprise à comprendre les risques, en mesurant les coûts de la conformité par rapport aux sanctions potentielles. En repérant dès le départ les pièges éventuels et en documentant les risques acceptés, les entreprises peuvent prendre des décisions éclairées et mettre en place un cadre de conformité solide qui soutient la croissance au lieu de l’entraver. 

La fragmentation des activités de conformité rend difficile la réalisation d’économies et de gains de performance dans un contexte d’augmentation des coûts et de la complexité de la réglementation. Pendant que la fonction finances est aux prises avec des obligations d’information sur la durabilité accrues, le chef de la sécurité de l’information doit gérer de nouvelles responsabilités en matière de protection des données et la fonction ressources humaines fait de plus en plus face à des risques complexes liés aux effectifs. Quant à la fonction fiscalité, elle doit se conformer à de nouvelles exigences liées au Pilier Deux qui, selon les fiscalistes, alourdiront la charge de conformité et généreront davantage de demandes d’information et de litigesS’ouvre dans une nouvelle fenêtre (en anglais seulement).

Sans une approche coordonnée, ces obligations de conformité distinctes pourraient facilement créer un cloisonnement, entravant la collaboration et créant des inefficacités. La bonne nouvelle? Selon notre enquête, 49 % des répondants canadiens (contre 50 % à l’échelle mondiale) disent avoir centralisé les activités de conformité au sein de leur organisation. De plus, 28 % (contre 37 % à l’échelle mondiale) affirment disposer d’un réseau coordonné d’activités de conformité. Qui plus est, pour tous ces répondants, une coordination efficace des activités de conformité produit des avantages (voir le graphique).

Tirer profit de la conformité connectée

Les nouvelles normes de l’Institut des auditeurs internesS’ouvre dans une nouvelle fenêtre (en anglais seulement), qui mettent l’accent sur la collaboration entre l’audit interne, la conformité et les équipes opérationnelles, accéléreront encore cette évolution vers une conformité coordonnée. Mais si de nombreuses organisations ont fait des progrès dans la centralisation et la coordination des activités de conformité, il reste encore une marge de progression pour ce qui est de la mise en place d’un écosystème de conformité réellement robuste et efficace.

Pour ce faire, il faut aller au-delà de la simple coordination des deuxième et troisième lignes – soit la conformité, le risque et l’audit interne – et faire de la première ligne – à savoir les équipes opérationnelles – des partenaires de conformité engagés. Pour aider les équipes les plus proches des activités essentielles de l’entreprise à contribuer plus efficacement aux efforts de conformité globaux, il convient de les doter des connaissances et des ressources nécessaires pour comprendre les risques qui leur sont propres, se conformer aux règlements et faire appel à des spécialistes en cas de besoin. Cela permet aux équipes de conformité de se concentrer sur les initiatives stratégiques et crée une approche de la gestion de la conformité à la fois plus proactive et plus réactive.

Pour la plupart des organisations, la création d’un écosystème de conformité véritablement connecté nécessitera des compétences et des capacités numériques supplémentaires. Alors que ces pressions sur les talents et la technologie augmentent, de nombreuses entreprises regardent au-delà de leur organisation : 72 % des répondants (70 % à l’échelle mondiale) font appel à des conseillers externes ou à des fournisseurs tiers pour soutenir les activités de conformité.

À l’heure actuelle, il s’agit principalement de services de conseil ponctuels ou spécialisés et d’un soutien en matière de cosourçage. Mais en ayant recours à des services gérés, un nombre croissant d’entreprises obtiennent des résultats tangibles en matière de conformité et une plus grande efficacité opérationnelle. Chez PwC Canada, nous avons constaté les avantages pour les organisations d’aller au-delà des accords d’externalisation traditionnels. Nos services de gestion de la conformité combinent les connaissances sectorielles de nos spécialistes de la conformité avec une technologie exclusive propulsée par l’IA pour aider les organisations à bâtir une culture de conformité proactive.

Ces services incluent nos processus automatisés d’analyse de l’horizon et de gestion des changements réglementaires, qui suivent et surveillent l’évolution de la réglementation en temps quasi réel. Cette approche proactive de la conformité deviendra critique dans l’environnement géopolitique actuel, particulièrement au vu des efforts de déréglementation de l’administration américaine, qui exercent une pression supplémentaire sur les équipes de conformité pour qu’elles se tiennent au courant des changements en cours, en comprennent les implications et adaptent leurs efforts de conformité en conséquence. 

La plupart des entreprises canadiennes utilisent la technologie et les données pour automatiser et améliorer diverses activités de conformité, et nombre d’entre elles prévoient des investissements supplémentaires (voir le graphique). Les technologies liées à la conformité aident déjà les entreprises à avancer plus vite, à composer avec la complexité et à éviter les dangers. Elles leur procurent notamment une meilleure visibilité des risques et des activités de gestion des risques (citée par 75 % des répondants canadiens, contre 64 % à l’échelle mondiale), une capacité de prise de décisions plus rapide et plus sûre (56 %, contre 46 % à l’échelle mondiale) et une productivité et des économies accrues (56 %, contre 43 % à l’échelle mondiale). 

Dynamique croissante en faveur de la numérisation des modèles de conformité

Les entreprises sont moins nombreuses à utiliser l’IA pour les activités de conformité. Mais ce n’est pas par manque d’intérêt, puisque 49 % des répondants canadiens prévoient le faire pour l’évaluation des risques (contre 34 % à l’échelle mondiale), les tests des contrôles (33 % à l’échelle mondiale) et les données et l’analytique prédictive (32 % à l’échelle mondiale). Selon nos observations, des organisations se préparent également à utiliser des outils d’IA dans d’autres domaines, notamment la lutte contre le blanchiment d’argent et l’application des sanctions.

Malgré leur enthousiasme, les entreprises ne ferment pas les yeux sur les risques. Les répondants se disent préoccupés par la confidentialité et la sécurité des données (96 %, contre 89 % à l’échelle mondiale), la gouvernance de l’IA (93 %, contre 88 % à l’échelle mondiale) et la validité des données (89 %, contre 88 % à l’échelle mondiale).

Pour tirer pleinement parti de l’IA générative, tant au sein de la fonction conformité que dans d’autres secteurs de l’organisation, il faut gérer ces risques conformément aux lignes directrices, aux cadres et aux règles en matière d’IA adoptés partout dans le monde. Bien qu’il n’existe pas encore de réglementation spécifique à l’IA au Canada, d’autres pays ou territoires, dont l’Union européenne, régissent déjà l’utilisation de l’IA, ce qui crée de nouveaux défis en matière de conformité.

L’essor de l’IA nécessite un changement dans la façon dont les organisations abordent la gestion des risques. L’époque où les transformations numériques pouvaient être uniquement pilotées par les technologies de l’information est révolue. L’impact de l’IA sur la confidentialité et la sécurité des données ainsi que sur les aspects éthiques nécessite une perspective plus large et une approche collaborative. La fonction conformité joue à cet égard un rôle essentiel, en concertant les efforts avec les services juridiques et informatiques et d’autres parties prenantes pour intégrer en amont des pratiques responsables en matière d’IA et en alignant les déploiements de l’IA sur les directives éthiques et les cadres juridiques. Cela permet d’instaurer la confiance dont les organisations ont besoin pour tirer le meilleur parti des opportunités en matière d’IA.