02 septembre, 2025
Numéro 2025-07FR4
Mise à jour du 2 septembre 2025 : Le 22 août 2025, le premier ministre Mark Carney a annoncé que, à compter du 1er septembre 2025, le Canada retirera sa surtaxe de 25 % sur les importations d’origine américaine au Canada si ces importations sont admissibles en tant que produits originaires en vertu de l’Accord Canada–États-Unis–Mexique (ACEUM) ; ce retrait ne s’applique pas aux produits d’aluminium et d’acier et aux véhicules à moteur qui font l’objet d’un décret imposant une surtaxe.
En guise de rétorsion aux droits de douane imposés par le président américain Donald Trump sur les produits d’origine canadienne importés aux États-Unis, le Canada avait instauré une surtaxe de 25 % sur :
À compter du 1er septembre 2025, la surtaxe canadienne de 25 % ne s’appliquera plus aux biens précisés dans le Décret imposant une surtaxe aux États-Unis :
La surtaxe canadienne de 25 % continuera de s’appliquer aux biens précisés dans les décrets modifiés imposant une surtaxe aux États-Unis (acier et aluminium, 2025) et (véhicules automobiles 2025).
Une remise de la surtaxe canadienne peut être accordée pour les marchandises admissibles. Les importateurs de biens qui étaient auparavant assujettis à la surtaxe de 25 % peuvent obtenir un remboursement de toute surtaxe payée, avec effet rétroactif à la date d’entrée en vigueur du décret imposant une surtaxe.
Le retrait par le Canada de sa surtaxe de rétorsion sur la plupart des produits provenant des États-Unis permet aux entreprises canadiennes qui importent des produits des États-Unis de réaliser des économies importantes.
Le premier ministre Carney a également annoncé que le gouvernement canadien commencerait les préparatifs en vue du processus d’examen de l’ACEUM, prévu pour l’année prochaine, en lançant des consultations en septembre « afin d’évaluer les priorités canadiennes dans le nouveau contexte commercial mondial ».
Comme nous l’avons mentionné précédemment dans notre :
Pour bénéficier des avantages offerts par l’ACEUM, les produits doivent répondre à des critères précis (par exemple, être entièrement obtenus ou produits, ou produits à partir de matériaux provenant de la zone d’origine, ou respecter les règles d’origine propres aux produits). Les importateurs doivent conserver des documents, tels que le certificat d’origine, afin de prouver que les produits satisfont aux exigences de l’ACEUM. Les entreprises doivent examiner leurs produits afin de déterminer leur admissibilité et leur conformité à l’ACEUM.
La suite de ce Point de vue fiscal a été publiée le 4 février 2025. À l’exception d’une modification mineure apportée au titre, le texte n’a pas été modifié pour tenir compte des développements et des annonces faits par le président Trump et le gouvernement canadien entre le 3 et le 6 mars 2025, le 31 juillet 2025 et le 22 août 2025.
* Pour plus d’informations, voir les Avis des douanes de l’Agence des services frontaliers du Canada à www.cbsa-asfc.gc.ca/publications/cn-ad/menu-fra.html :
- 25-10 : Décret imposant une surtaxe aux États-Unis (2025-1) ;
- 25-11 : Décret imposant une surtaxe aux États-Unis (acier et aluminium, 2025) ;
- 25-15 : Décret imposant une surtaxe aux États-Unis (véhicules automobiles 2025) (voir également notre Point de vue fiscal « Les tarifs douaniers américains sur les importations d’automobiles et de pièces d’automobiles du Canada »).
Le 1er février 2025, le président américain Donald Trump a signé trois décrets présidentiels qui imposent des tarifs douaniers sur les marchandises importées, à compter du 4 février 2025 :
Le 3 février 2025, les États-Unis (É.-U.) ont toutefois accepté de retarder de 30 jours la mise en œuvre de ces tarifs sur les importations canadiennes et mexicaines afin de permettre la poursuite des négociations avec le Canada et le Mexique sur l’amélioration de la sécurité frontalière, entre autres questions. Si le Canada et les É.‑U. ne parviennent pas à un accord, les É.-U. pourraient commencer à appliquer des tarifs en vertu du décret présidentiel sur les produits d’origine canadienne importés aux É.-U. dans un avenir proche. Le décret présidentiel qui s’applique à la Chine reste en vigueur.
Ces décrets, promulgués en vertu de l’International Emergency Economic Powers Act (IEEPA), visent à faire pression sur le Canada, la Chine et le Mexique pour qu’ils prennent des mesures plus strictes contre le trafic de drogue et l’immigration illégale, et s’inscrivent dans une stratégie plus vaste visant à protéger les industries américaines.
En réponse au décret présidentiel sur les tarifs américains, le gouvernement canadien avait annoncé une série de mesures de rétorsion, qui auraient comporté l’imposition de sa propre surtaxe de 25 % sur des marchandises américaines totalisant 155 milliards de dollars. Ces contre-mesures, qui ont également été suspendues pendant 30 jours, visent à protéger les industries et les travailleurs canadiens de l’incidence économique d’éventuels tarifs américains et à signaler l’engagement du Canada à défendre ses intérêts commerciaux.
Les tarifs américains et la surtaxe canadienne qui pourraient être imposés augmenteront les coûts des entreprises canadiennes, perturberont les chaînes d’approvisionnement et réduiront les marges bénéficiaires, autant d’éléments susceptibles de transformer l’économie canadienne et d’entraver la croissance économique au Canada.
Le décret présidentiel américain1, qui se concentre sur le Canada, insiste sur la nécessité de renforcer la sécurité frontalière et d’intensifier les inspections afin d’empêcher l’entrée d’étrangers clandestins et la contrebande de substances illicites ; cela aura des répercussions importantes sur le commerce transfrontalier et l’efficacité des chaînes d’approvisionnement.
Toutes les entreprises (y compris les multinationales), même celles qui ne sont pas concernées par les tarifs américains potentiels, devraient évaluer l’incidence économique de ces tarifs, car toutes les entreprises seront touchées. Les entreprises devraient prendre des décisions fondées sur des données issues d’évaluations et de modélisations de l’incidence des tarifs et de la surtaxe, afin de prendre des décisions stratégiques et de déterminer des options viables pour l’avenir. L’alignement des stratégies financières et commerciales afin d’inclure la chaîne d’approvisionnement, la fiscalité, les douanes et le commerce international peut réduire les risques et éviter les coûts inattendus. Les entreprises devraient optimiser leurs opérations afin d’atténuer les effets négatifs de ces tarifs/surtaxes potentiels et des mesures de sécurité accrues aux frontières, et envisager d’explorer de nouveaux marchés. L’adoption d’une approche coordonnée sera cruciale pour les entreprises qui naviguent dans cet environnement commercial difficile.
Le décret signé par le président Trump le 1er février 2025 devait entrer en vigueur le 4 février 2025 à 0 h 01 HNE, mais sa mise en application a été suspendue temporairement pour 30 jours. Le décret présidentiel aurait appliqué un tarif américain de :
Nous estimons qu’un tarif de 25 % sur les produits canadiens entraînerait des tarifs totalisant environ 73 milliards de dollars par an et qu’un tarif de 10 % sur les produits liés aux ressources énergétiques entraînerait des tarifs d’une valeur de 13 milliards de dollars par an.
L’administration américaine justifie ces tarifs par la nécessité de protéger les industries et les emplois américains contre les pratiques commerciales déloyales et de freiner l’afflux d’étrangers clandestins et de substances illégales aux É.-U. Les tarifs sont également considérés comme un mécanisme permettant de faire pression sur le Canada pour qu’il fasse des concessions dans le cadre des négociations commerciales en cours et à venir. Cette tactique a toutefois suscité de nombreuses critiques, tant au pays qu’à l’échelle internationale, car elle perturbera les chaînes d’approvisionnement transfrontalières hautement intégrées et créera de l’incertitude sur le marché mondial.
L’article 2 du décret contient plusieurs dispositions essentielles qui ont une incidence directe sur les relations commerciales et la sécurité frontalière :
Les dispositions susmentionnées garantissent une application stricte des nouveaux tarifs. L’alinéa d) vise à décourager le Canada d’imposer des tarifs de rétorsion sur les importations d’origine américaine, et l’alinéa g) signifie que les entreprises actives aux É.-U. qui pourraient être touchées par ces tarifs n’auront pas la possibilité de demander certains allègements, qui sont généralement accordés dans le cadre d’autres tarifs ou droits au titre du programme de drawback américain.
L’alinéa h) est particulièrement important, car le libellé de cette disposition figure également dans les décrets signés par le président Trump concernant les tarifs américains sur les importations en provenance du Mexique et de la Chine. Cette disposition aura une incidence sur les expéditions commerciales électroniques d’une valeur totale de 800 $ US ou moins par personne et par jour, qui sont distribuées par l’intermédiaire du Canada. Ces envois ne bénéficieront plus de l’entrée en franchise de droits aux É.-U. Cette disposition concerne également les marchandises d’origine chinoise destinées aux É.-U. depuis le Canada. Ces expéditions seront désormais assujetties aux taux de droits de la nation la plus favorisée, ou aux tarifs imposés en vertu des articles 201 ou 301 du Trade Act of 1974 ou de l’article 232 du Trade Expansion Act of 1962, le cas échéant, plus les autres coûts d’importation (p. ex. la redevance pour les formalités relatives aux marchandises) et puis le tarif supplémentaire de 10 % en vertu de l’IEEPA sur les biens d’origine chinoise ou, si les tarifs entrent en vigueur, un tarif de 25 % sur les biens d’origine mexicaine ou canadienne.
Le jour même où le président Trump a signé les décrets sur les tarifs américains, le premier ministre canadien Justin Trudeau a annoncé que le Canada imposerait sa propre surtaxe de 25 % sur les marchandises américaines totalisant 155 milliards de dollars. L’imposition de cette surtaxe sera également suspendue pendant 30 jours et ne s’appliquera que lorsque les É.-U. appliqueront leurs tarifs sur les produits canadiens.
La surtaxe canadienne aurait visé un large éventail de produits américains, notamment les produits agricoles, les produits de consommation et les matériaux industriels. Pour plus de détails, voir le décret (no 2025-0072)2 daté du 1er février 2025. La surtaxe canadienne aurait été appliquée par étapes, 25 % s’appliquant à 30 milliards de dollars de produits d’origine américaine importés au Canada à la même date que celle à laquelle les É.-U. auraient appliqué leurs tarifs sur les marchandises canadiennes importées aux É.-U. Elle aurait inclus certaines volailles vivantes et d’autres produits de volaille, certains produits laitiers, certains œufs et produits d’œufs, le jus d’orange, le beurre d’arachide, le vin, les spiritueux, la bière, le café, les appareils électroménagers, les vêtements, les chaussures, les motocyclettes, les cosmétiques ainsi que les pâtes et papiers (voir le Document d’information3 du ministère des Finances daté du 4 février 2025 pour une liste complète des produits visés). Ensuite, après une période de consultation publique de 21 jours, le Canada imposerait une surtaxe sur une liste supplémentaire de biens importés d’une valeur de 125 milliards de dollars.
Le gouvernement canadien a indiqué que ces mesures étaient nécessaires, si les É.-U. imposaient des tarifs, pour encourager les É.-U. à revenir à des pratiques commerciales équitables et atténuer les effets négatifs sur les entreprises canadiennes.
Si la surtaxe canadienne est mise en œuvre, le gouvernement canadien disposera d’un cadre et d’une procédure permettant aux entreprises canadiennes de demander la remise de cette surtaxe sur certains biens importés des É.-U. Cette procédure permettra (dans certaines situations données) de ne pas avoir à payer la surtaxe ou de se faire rembourser la surtaxe déjà payée.
Les demandes de remise seront prises en compte si :
Le ministère des Finances, en consultation avec d’autres ministères fédéraux concernés, évaluera ces demandes et fera des recommandations au ministre des Finances, qui est habilité à recommander une remise au gouverneur en conseil. Cette procédure vise à atténuer les répercussions économiques des tarifs américains sur les entreprises canadiennes et à faire en sorte qu’elles ne soient pas indûment pénalisées. Les entreprises doivent présenter leurs demandes de renseignements ou de remise au ministère des Finances.
Les mesures de rétorsion proposées par le Canada visent à remédier au comportement abusif des É.-U. si ces derniers imposaient des tarifs sur les importations de produits canadiens. Cependant, elles augmenteraient également les coûts pour les entreprises canadiennes et (en fin de compte) pour les consommateurs. Le risque d’escalade du conflit commercial est particulièrement préoccupant, car l’alinéa d) de l’article 2 du décret présidentiel américain stipule que les É.-U. peuvent augmenter les tarifs ou élargir leur champ d’application en cas de mesures de rétorsion de la part du Canada.
Contrairement aux É.-U., le Canada permettra aux importateurs canadiens d’atténuer les effets d’une surtaxe potentielle sur les produits d’origine américaine au moyen d’une procédure de remise ; les entreprises devront se frayer un chemin dans cette procédure détaillée.
L’imposition de ces tarifs américains et le renforcement des mesures de sécurité aux frontières auraient plusieurs conséquences importantes pour les entreprises canadiennes engagées dans le commerce transfrontalier avec les É.-U. :
Plusieurs stratégies peuvent aider les entreprises canadiennes à s’adapter à tous nouveaux tarifs américains (s’ils entrent en vigueur) et aux mesures de sécurité renforcées aux frontières :
PwC peut aider les entreprises canadiennes à faire face à la situation tarifaire actuelle. Nous avons mis au point un outil exclusif d’évaluation de l’incidence des tarifs qui peut aider votre entreprise à examiner ou à visualiser sa chaîne d’approvisionnement au moyen de vos données d’importation historiques. Il fournit des indications sur l’exposition potentielle de votre entreprise aux tarifs américains ou à la surtaxe canadienne, en aidant à déterminer les zones de risque et d’occasion, ainsi qu’à naviguer de manière proactive dans le paysage de l’approvisionnement éthique.
Notre équipe pluridisciplinaire est spécialisée dans les tarifs, l’économie, l’industrie, la chaîne d’approvisionnement et de valeur, la stratégie d’entreprise et la fiscalité. Nous pouvons vous aider à faire face à cette situation complexe et en constante évolution, en :
Bien que l’imposition de tarifs par les É.-U. et la prise de mesures de rétorsion par le Canada poseraient des défis importants, les entreprises canadiennes peuvent prendre des mesures proactives pour atténuer les répercussions et s’adapter à l’évolution du paysage commercial. En dressant le schéma des chaînes d’approvisionnement et en procédant à une évaluation approfondie de l’incidence des tarifs, les entreprises peuvent mieux comprendre l’incidence potentielle des tarifs sur leurs activités et élaborer des stratégies pour atténuer efficacement ces défis.
1. Executive Order « Imposing Duties to Address the Flow of Illicit Drugs Across our Northern Border » (1er février 2025).
2. Gouvernement du Canada, Décrets, Numéro C.P. 2025-0072, 1er février 2025.
3. Document d’information du ministère des Finances « Liste des produits en provenance des États-Unis assujettis à des tarifs de 25 % en vigueur dès le 4 février 2025 » (publié le 2 février 2025).
Associé directeur national, Clients et marchés, PwC Canada
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Associée, Services fiscaux – Douanes et commerce international, PwC Canada
Leader des unités d’affaires des Services fiscaux, Structuration mondiale, PwC Canada
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Leader national, Analyse économique et politique, PwC Canada
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