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Valeur en mouvement

Tremplin pour la croissance au Canada

Quel avenir pour l’économie canadienne en cette période de bouleversements marquée par des mégatendances universelles qui remodèlent notre monde ?

Les technologies transformatrices telles que l’intelligence artificielle (IA), les changements climatiques, les tensions géopolitiques, les changements démographiques et les inégalités sociales créent de nouveaux besoins chez les clients, de nouveaux marchés et de nouveaux concurrents, et ils estompent les frontières entre les secteurs. L’évolution des industries mondiales met la valeur en mouvement et crée des opportunités pour les organisations de différents secteurs, qui peuvent en tirer parti grâce à des partenariats innovants, de nouveaux modèles d’affaires et de technologies puissantes telles que l’IA. Une nouvelle étude de PwC révèle l’ampleur de ces changements :

  1. De nouveaux domaines de croissance évalués à 3,65 billions de dollars
    les industries sont en pleine reconfiguration, les mégatendances estompant les frontières traditionnelles entre les secteurs, ce qui déplace l’activité vers de nouveaux écosystèmes que nous appelons « domaines de croissance ». L’évolution de ces domaines, qui, selon notre analyse, pourraient représenter jusqu'à 3,65 billions de dollars1 en activité économique en 2035, crée de nouvelles opportunités de croissance pour les entreprises canadiennes.
  2. Les partenariats sont essentiels pour saisir les nouvelles opportunités de croissance
    pour tirer le meilleur parti des nouvelles opportunités de croissance, les entreprises devront prendre des mesures audacieuses afin de réinventer leurs modèles d’affaires. Cela passe notamment par des partenariats avec divers acteurs  afin d’accéder à de nouvelles capacités et de se doter d’un avantage concurrentiel.
  3. Opportunités et défis de l’IA
    l’adoption de l’IA est un élément essentiel de la reconfiguration en cours. Notre analyse montre que l’IA pourrait stimuler considérablement la croissance économique du Canada dans les années à venir. Le Canada accuse un retard par rapport aux États-Unis en matière d’adoption de l’IA, ce qui souligne l’opportunité de stimuler davantage l’économie en comblant cet écart.

Les enjeux sont importants pour les chefs d’entreprise canadiens qui veulent se préparer à tous les éventuels scénarios tout en prenant les mesures nécessaires pour protéger et développer leurs activités. Parmi leurs priorités figurent la nécessité de repenser rapidement leur façon de créer, de fournir et de saisir de la valeur en collaborant avec d’autres acteurs, d’élaborer des plans d’action pour être compétitifs dans de nouveaux secteurs et d’ancrer des technologies telles que l’IA dans leurs activités.

Façonner l’avenir

Une étape clé pour les leaders chargés de façonner l’avenir de leur entreprise consiste à approfondir leur compréhension des impacts potentiels des mégatendances sur leur organisation. Ils devront également évaluer leurs stratégies plus souvent et élaborer des scénarios et des plans d’urgence afin de pouvoir changer de cap rapidement, ce qui est devenu de plus en plus important à une époque où des événements perturbateurs majeurs, comme la pandémie de COVID-19, sont plus fréquents.

La bonne nouvelle, c’est que certaines entreprises canadiennes ont déjà su saisir l’occasion en agissant de manière décisive pour adapter et réinventer leurs modèles d’affaires au rythme de de l’évolution des marchés. Mais d’autres doivent encore faire face aux signes croissants de perturbation de leur secteur, comme le montre le retard dans l’adoption de l’IA, mis en évidence dans notre étude. Le Canada risque de subir des perturbations majeures dans ses industries s’il passe à côté de la révolution de l’IA qui transforme le monde des affaires à l’échelle de la planète.

En même temps, les changements en cours font ressortir des opportunités uniques pour le Canada. Ce pays bénéficie d’un capital de confiance de longue date qui offre des avantages concurrentiels aux entreprises canadiennes. Nous pouvons être des chefs de file dans l’élaboration de pratiques d’IA responsables qui favorisent une plus grande adoption et permettent au monde de tirer pleinement parti du potentiel de la révolution de l’intelligence artificielle. Et à une époque où les ressources sont limitées, en partie à cause de l’évolution des relations commerciales et géopolitiques, le Canada peut miser sur sa réputation historique d’intermédiaire honnête sur la scène mondiale pour renforcer davantage son rôle de source fiable d’approvisionnement des produits rares dont ont besoin ses partenaires mondiaux. 

Nouveaux domaines de croissance et impératif écosystémique

L’un des principaux moteurs de la reconfiguration des industries que nous avons décrite est le besoin en nouvelles capacités. Étant donné qu’il est rare qu’une entreprise dispose à elle seule de toutes les ressources nécessaires pour répondre aux changements massifs induits par les mégatendances, les entreprises devront collaborer avec d’autres organisations afin de pouvoir assurer leur viabilité et leur croissance.

Ces changements sont au cœur de la transition vers des écosystèmes commerciaux basés sur neuf domaines de croissance visant à répondre aux besoins fondamentaux de l’humanité : comment on se déplace, on fabrique et on construit; comment on alimente et on énergise notre économie; et comment on se nourrit et on se soigne. Ces six domaines s’appuient sur trois autres domaines : le financement, la connectivité, la puissance de calcul et la gouvernance qui permettent à notre système industriel de répondre à ces besoins humains essentiels.

Cette classification de domaines est simplement un autre moyen de voir l’évolution de l’économie. Elle illustre l’idée que si les désirs, les attentes et les préférences des clients évoluent, les besoins essentiels tels que l’alimentation, le logement et les transports resteront toujours les mêmes.

Suivre la valeur en mouvement

Comme le montre le graphique ci-dessous, les opportunités pour les entreprises canadiennes de répondre à ces besoins de manière innovante sont vastes. Notre analyse économique révèle que d’ici 2035, une valeur substantielle sera générée dans un large éventail de domaines, couvrant tous les secteurs d’activité et transcendant les frontières sectorielles traditionnelles au Canada.

Pour voir où votre organisation pourrait saisir des opportunités de croissance future, sélectionnez votre secteur d’activité dans la partie gauche du graphique, qui montre dans la partie droite, le transfert de valeur vers les domaines pertinents dans 10 ans.

Les industries canadiennes se reconfigurent pendant que de nouveaux domaines de croissance émergent

Cliquez directement sur les lignes du graphique pour découvrir la part de valeur correspondant à une industrie ou à un domaine.

Pour certaines entreprises, la reconfiguration des industries peut représenter des changements importants afin de desservir des marchés adjacents ou la nécessité de rivaliser dans des secteurs entièrement nouveaux, comme on a pu le constater dans de grandes entreprises technologiques qui se lancent dans le domaine de l’énergie nucléaire afin de garantir l’approvisionnement en électricité nécessaire à leurs centres de données. D’autres réagiront en procédant à des acquisitions ou à des expansions, ou en s’orientant vers des partenariats afin de combiner leurs propres capacités avec celles des acteurs de l’écosystème.

L’impact des contraintes de ressources

Pour illustrer pourquoi ces domaines sont si importants pour les entreprises dans leur gestion des changements induits par les mégatendances, il est utile d’examiner la question des contraintes de ressources. Dans un monde de plus en plus marqué par les barrières commerciales et la raréfaction des intrants et des ressources, les entreprises peuvent avoir un avantage concurrentiel en collaborant avec des organisations tout au long de la chaîne de valeur afin de garantir un accès à long terme aux approvisionnements, aux marchés, aux capacités, au financement et à la clientèle.

Prenons l’exemple de l’impact des mégatendances sur le domaine « Nourrir ». Il subit non seulement des pressions sur la production alimentaire en raison du changement climatique et de l’urbanisation rapide, mais aussi des changements dans les préférences des consommateurs, qui se tournent vers des produits santé et durables. Le secteur minier, dont le rôle sera crucial pour répondre à ces contraintes et à l’évolution des besoins, peut collaborer avec d’autres industries pour augmenter l’approvisionnement durable en intrants tels que la potasse, essentiels pour faire face à la diminution des terres arables due aux changements climatiques et aux perturbations causées par les conflits géopolitiques. Les sociétés technologiques sont également concernées par le domaine « Nourrir ». Elles jouent un rôle important dans le développement et l’amélioration de solutions agricoles de précision qui aident les agriculteurs à s’adapter aux changements climatiques et à répondre à la demande croissante en denrées alimentaires dans un environnement de plus en plus contraignant.

Ce ne sont là que quelques exemples illustrant comment des entreprises de différents secteurs peuvent s’associer pour répondre aux contraintes de ressources liées à un besoin humain fondamental. Ces partenariats peuvent inclure non seulement des sociétés minières et technologiques, mais aussi des transformateurs de produits alimentaires, des services publics fournissant de l’énergie renouvelable, des institutions financières telles que des assureurs offrant une protection contre les chocs climatiques, et des détaillants desservant le client final. 

Comment le Canada peut-il saisir la valeur de ces domaines?

Nos conclusions sur la valeur en mouvement dans les différents domaines mettent en évidence aussi bien les risques que les opportunités pour les entreprises canadiennes. Cela se traduit par un environnement commercial de plus en plus favorable aux gagnants qui raflent toutes les affaires ou presque, dans lequel une entreprise ou un petit groupe d’organisations qui s’assurent une longueur d’avance dans une technologie, une capacité ou une ressource rare clé s’approprient une part disproportionnée de la valeur créée, laissant souvent peu de place à leurs concurrents.

Le défi pour le Canada consiste à s’assurer que les entreprises canadiennes font partie du groupe des gagnants en tirant parti des atouts uniques du pays pour exploiter au maximum les opportunités de croissance dans ces domaines et inter-domaines. Pour les entreprises, une étape cruciale consiste à évaluer où leur activité peut jouer un rôle dans ces domaines et les partenariats qui peuvent les aider à répondre à des besoins non satisfaits.

À mesure que les entreprises élargissent et approfondissent les écosystèmes dans lesquels elles collaborent et rivalisent, elles ont également la possibilité de travailler plus étroitement avec les gouvernements et les universités afin de stimuler l’innovation. Cela peut profiter au Canada, et pas seulement à ses entreprises, en augmentant la part du pays dans la propriété intellectuelle de pointe, ce qui peut accroître encore la productivité et la croissance.

Opportunités émergentes pour les entreprises canadiennes

Les entreprises canadiennes bénéficient également de nouvelles opportunités découlant des efforts déployés par le Canada pour relever les défis commerciaux auxquels le pays est confronté. Le gouvernement canadien cherche à débloquer d’énormes capitaux publics et privés afin de reconfigurer l’économie et d’accroître la résilience économique à long terme du pays en se concentrant sur les avantages économiques du Canada dans des secteurs spécifiques.

Ces secteurs, qui disposent déjà d’une base solide au Canada, comprennent les minéraux, la production dans le secteur de la défense, les infrastructures, le logement, l’énergie et l’innovation. Les entreprises canadiennes qui s’alignent sur ces priorités seront en bonne position pour accéder à des financements et à un soutien, ce qui les aidera à mettre en œuvre des changements de modèle d’affaires visant à saisir les opportunités de croissance dans tous les domaines.

Quels sont donc les scénarios possibles pour les entreprises des secteurs clés canadiens qui cherchent à tirer parti de la valeur en mouvement? Nous présentons ci-dessous quelques-unes des opportunités qui s’offrent à différents secteurs dans ces domaines.

La demande mondiale pour les produits extraits du sol est en forte hausse, ce qui génère une valeur considérable. L’exploitation minière est fondamentale dans tous les domaines de l’activité économique, et le Canada dispose d’un avantage stratégique pour bon nombre des minéraux dont le monde a besoin pour les domaines en croissance. Dans le domaine « Se déplacer », les batteries utilisées dans les véhicules électriques et les technologies de stockage par batterie nécessitent des minéraux tels que le lithium, le cobalt et le nickel. La demande pour les métaux des terres rares, essentiels à la fabrication de composants électroniques, aérospatiaux et de défense, connaît également une croissance rapide dans le domaine « Fabriquer ».

Parallèlement, l’or, l’un des atouts miniers traditionnels du Canada, connaît une forte demande en raison de son rôle de valeur refuge en période d’incertitude. Malgré cela, les entreprises qui se sont exclusivement concentrées sur l’or cherchent à utiliser leurs bons flux de trésorerie pour diversifier leurs portefeuilles en investissant dans des métaux, tels que le cuivre, qui offrent de solides perspectives de croissance dans des domaines tels que la construction et l’alimentation en énergie des villes et des lieux où nous vivons, travaillons et nous divertissons.

Gérer le risque de concentration de la production

Les opportunités pour le Canada et les sociétés minières canadiennes s’articulent en partie autour de la notion de contraintes dans une période de changement des relations commerciales et des alliances géopolitiques. Le secteur minier canadien peut contribuer à répondre aux préoccupations liées à la concentration de la production mondiale et des réserves de nombreux minéraux dans certains pays. Cela pourrait inclure la mise en valeur de gisements économiques, la construction de nouvelles mines et le développement des capacités de production et des infrastructures connexes afin de répondre aux besoins des acteurs mondiaux à la recherche de sources alternatives et sûres de minéraux.

Les sociétés minières qui collaborent efficacement tout au long de la chaîne de valeur bénéficieront d’un avantage concurrentiel croissant. Les obstacles au développement minier canadien, tels que la volatilité des prix des matières premières et les répercussions plus larges du risque de concentration mondiale, obligent les entreprises canadiennes à collaborer dans le cadre de partenariats stratégiques, souvent dans des domaines auxquels elles ne s’étaient jamais intéressées auparavant. Il s’agit notamment de coentreprises et d’autres mécanismes qui permettent le partage des avantages économiques en échange de capitaux afin de réduire les risques liés aux investissements initiaux dans de nouveaux projets.

Nous voyons déjà des exemples d’approches traditionnelles, telles que les accords d’achat et d’acquisition d’actions avec des acheteurs à la recherche de minéraux essentiels pour répondre à des besoins croissants liés à la défense, aux véhicules électriques, aux énergies renouvelables et aux centres de données. Les collaborations futures comprendront également des partenariats stratégiques axés sur le développement du capital humain et des capacités de transformation en aval nécessaires pour être compétitifs à l’échelle mondiale.

Créer les conditions propices à l’investissement dans le secteur minier canadien

Les pouvoirs politiques doivent soutenir le développement des infrastructures afin que les investissements et l’innovation dans le secteur minier puissent prospérer. À titre d’exemple, l’utilisation de l’IA par les gouvernements, pourrait accélérer considérablement les processus d’évaluation et d’octroi de permis.

Mais l’accélération des délais d’octroi des permis et la mise en place de partenariats public-privé efficaces pour le développement des infrastructures ne suffiront pas pour que le secteur minier canadien réalise son plein potentiel. Les mesures prises par le gouvernement peuvent également favoriser la réconciliation économique avec les parties prenantes autochtones et soutenir l’engagement de longue date en faveur de l’amélioration continue de la participation des Autochtones aux grands projets, qui est une caractéristique déterminante des grandes entreprises canadiennes.

Le gouvernement peut également apporter son soutien dans d’autres domaines, notamment le développement d’infrastructures mutuellement avantageuses, telles que des routes d’accès et la production d’énergie propre, qui peuvent non seulement favoriser le développement minier, mais aussi avoir des retombées économiques plus larges qui profitent aux communautés canadiennes et à d’autres secteurs.

L’adoption des technologies sera essentielle

Les investissements technologiques seront également essentiels. Avec la pression croissante sur les coûts et qui érode les marges bénéficiaires et accentue la nécessité d’une discipline financière, les sociétés minières devront adopter des solutions, notamment des outils exploitant l’IA et l’informatique quantique, afin d’accroitre l’efficacité et la rentabilité des nouveaux projets. Les investissements dans la technologie soutiennent également l’objectif de longue date du secteur, qui consiste à réduire l’impact environnemental et la consommation de ressources des activités d’exploration, de développement et de production minières. 

Il est également important de prendre en compte les innovations dans le domaine des projets d’investissement, en particulier compte tenu de la volonté actuelle du Canada d’accélérer considérablement les délais de développement. Les grandes entreprises canadiennes utiliseront l’IA à des étapes clés du cycle de vie du développement et intégreront ces investissements dans leurs opérations futures. En adoptant des outils avancés, les sociétés minières peuvent accélérer le développement et réduire le coût de la construction de grands projets d’investissement.  

Si les technologies telles que l’IA sont des éléments essentiels de la reconfiguration des industries qui se déploie à l’échelle mondiale, le Canada dispose d’une opportunité tout à fait unique. Le Canada a certes des avantages en matière d’IA, notamment dans le développement de nombreux éléments fondamentaux, mais une opportunité peut-être moins connue provient d’une autre technologie émergente clé : l’informatique quantique. Cette technologie en rapide évolution devient encore plus pertinente à l’ère de l’IA et constitue un domaine dans lequel le Canada bénéficie d’une longueur d’avance sur laquelle il peut miser.

Si tous les secteurs d’activité économique peuvent tirer parti de l’informatique quantique, une opportunité clé concerne le domaine « Connecter and calculer ». Les modèles d’IA consomment de plus en plus d’énergie à mesure qu’ils évoluent, ce qui, dans certains cas, se heurte à des contraintes importantes en termes de croissance dans les pays qui ne disposent pas de l’électricité nécessaire aux centres de données. Les puces quantiques, qui peuvent résoudre des problèmes à un niveau de détail élevé tout en consommant beaucoup moins d’électricité que les technologies actuelles, seront essentielles à la mise en œuvre de solutions d’IA, compte tenu de leurs besoins énergétiques considérables. C’est pourquoi l’informatique quantique et l’IA vont de pair.

La bonne nouvelle pour le Canada est que nous avons des chercheurs et des entreprises qui sont à l’avant-garde de l’informatique quantique, dont certains commercialisent déjà leurs solutions. En effet, nous pouvons bouleverser le marché actuel des solutions informatiques dominé par des acteurs étrangers. En développant et en commercialisant des solutions quantiques au Canada avant que d’autres ne rattrapent leur retard, nous pouvons acquérir un avantage concurrentiel qui se traduira par des gains de productivité importants.

L’opportunité quantique pour le Canada

Cette opportunité devient encore plus importante si l’on considère la demande pour les solutions quantiques dans d’autres domaines. Prenons l’exemple du domaine « Soigner », où les outils quantiques accélèrent les nouvelles découvertes dans le secteur pharmaceutique.

Le défi pour le Canada consiste à agir rapidement pour tirer parti de notre avance initiale, ce que nous n’avons pas toujours fait lors des précédentes vagues d’innovation. Pour cela, le Canada devra adopter des politiques qui encouragent les innovateurs et les chercheurs dans l’informatique quantique à rester au pays et qui contribuent à retenir les entreprises prêtes à commercialiser cette technologie. Compte tenu de la pénurie mondiale prévue en matière de compétences dans les domaines de l’informatique quantique et de l’IA, le Canada devra donner la priorité à la rétention et à l’attraction des meilleurs talents dans le cadre d’une stratégie visant à devenir un leader dans ces domaines.

Les solutions sont complexes et nécessitent de nombreux changements dans les politiques publiques, mais cela reste un défi crucial pour le Canada et les entreprises canadiennes, compte tenu de l’opportunité de réduire notre écart de productivité avec des pays comme les États-Unis. Il s’agit là encore d’un domaine dans lequel les partenariats jouent un rôle pour le développement de nos capacités quantiques. Les entreprises canadiennes peuvent s’associer à des acteurs clés de l’informatique quantique, par exemple, pour développer, tester et accélérer la création des applications qui résolvent des problèmes concrets dans leurs secteurs et qui peuvent ensuite être commercialisées.

La défense est un autre secteur qui présente tous les signes de la reconfiguration industrielle mise en évidence par nos recherches. Ceux-ci comprennent :

  • L’évolution des relations commerciales et géopolitiques, qui entraîne une augmentation des dépenses de défense et des efforts pour renforcer les industries canadiennes.

  • La nécessité de remplacer d’urgence les équipements militaires obsolètes par des capacités plus avancées.

  • Les fabricants canadiens cherchent à adapter leurs activités pour desservir de nouveaux marchés, tout en composant avec les impacts des tarifs douaniers américains.

  • La nécessité de réapprovisionner les stocks militaires mondiaux après l’envoi de grandes quantités d’équipements pour soutenir l’Ukraine.

Tout cela se traduit par une demande importante pour tout, des matières premières, des munitions et des véhicules aux données, technologies et capacités d’IA nécessaires pour rendre tout cela possible. Un élément important des nouvelles opportunités concerne les pièces, les équipements, les infrastructures et les technologies à usage double (celles qui servent à la fois aux marchés de la défense et aux marchés civils). Il s’agit notamment de l’extraction et du traitement des minéraux critiques, des solutions de cybersécurité et des drones. Les technologies à usage double circulent désormais dans les deux sens entre l’industrie de la défense et les secteurs de la fabrication industrielle, ce qui permet aux fabricants de tirer parti de leur avance dans certains domaines, notamment ceux qui connaissent des cycles de développement rapides (tels que les véhicules aériens sans pilote). 

Avantages pour les entreprises canadiennes

Qui pourrait en bénéficier? Pensez aux entreprises sidérurgiques confrontées à des pressions tarifaires et qui adaptent leurs activités pour fournir de l’acier à un constructeur naval basé au Canada. Ou à une entreprise minière canadienne qui fournit les matériaux entrant dans la composition des aimants et des semi-conducteurs utilisés dans les équipements militaires modernes. Ou encore aux constructeurs des industries automobile et aérospatiale qui reconfigurent leurs installations pour fournir les pièces, les véhicules, les drones et les avions nécessaires à la défense.

Les opportunités peuvent s’étendre aux petites et moyennes entreprises canadiennes dans des domaines tels que l’usinage de précision, la fabrication métallique, l’avionique, les essais et la certification, ainsi que la maintenance et le soutien des nouveaux équipements. Les entreprises technologiques ont également un rôle à jouer pour répondre aux besoins de l’armée en matière d’équipements modernes dotés de capacités avancées.

Ce ne sont là que quelques exemples de la nouvelle demande qui découle non seulement de l’engagement récent du Canada à consacrer 2 % de son PIB à la défense cette année, mais aussi de son intention d’atteindre 5 % (dont 1,5 % peut être consacré à des infrastructures à double usage) dans le cadre de ses engagements envers l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord. Le potentiel dépasse les investissements propres du Canada pour englober de nouvelles possibilités d’exportation, notamment celles qui pourraient découler des récentes initiatives canadiennes visant à renforcer la coopération avec l’Union européenne en matière de sécurité et de défense.

Un enjeu à long terme pour les entreprises canadiennes

Pour les entreprises canadiennes, il s’agit avant tout d’une stratégie à long terme visant à adapter leurs activités à des fins militaires et civiles, alors que le gouvernement continue d’augmenter les investissements dans la défense. Pour celles qui souhaitent pénétrer le marché de la défense, les entreprises devront d’abord évaluer les catégories auxquelles elles pourraient contribuer et surmonter les obstacles, tels que la nécessité potentielle d’obtenir une cote de sécurité ou d’autres certifications de sécurité. Une autre considération touche le soutien financier au secteur de la défense. Pour les institutions financières et les autres acteurs, cela pourrait inclure l’examen des politiques environnementales, sociales et de gouvernance (ESG) qui ont limité leurs activités dans le secteur de la défense afin de déterminer les secteurs qui leur conviennent.

Les partenariats, les consortiums et les fusions et acquisitions seront également essentiels, compte tenu de la nécessité d’adapter rapidement les opérations pour répondre aux besoins militaires et à la demande croissante pour les fournitures, les biens et les équipements liés à la défense, qui sont déjà en pénurie. Pour ceux qui recherchent des opportunités d’exportation à l’étranger, par exemple, les coentreprises avec d’autres fabricants mondiaux d’équipements d’origine peuvent accélérer le transfert de capacités et la mise sur le marché.

Trois scénarios pour la croissance économique du Canada

Le rythme et l’ampleur de la reconfiguration des industries sont, bien sûr, incertains. Afin de circonscrire cette incertitude, nous avons créé trois scénarios de croissance mondiale (et canadienne). Nous nous sommes concentrés sur deux variables essentielles : d’une part, l’impact de l’IA sur la productivité, qui sera fortement influencé par les taux d’adoption de l’IA et la mesure dans laquelle les leaders lui font confiance pour remodeler en profondeur les fonctions et les tâches au sein de leurs organisations, et d’autre part l’impact du changement climatique, qui dépendra aussi bien des choix des leaders en matière de décarbonisation que des impacts physiques à court terme du climat. 

Le résultat est que, compte tenu à la fois de l’augmentation de la productivité due à l’adoption généralisée de l’IA et des impacts liés au climat, le produit intérieur brut mondial pourrait être supérieur de 11% (en termes de PIB réel) par rapport aux prévisions de croissance de référence en 2035. Nous avons entrepris une analyse similaire pour le Canada, qui a montré que notre économie pourrait connaître une augmentation de 9 % du PIB réel au cours de la même période, les États-Unis enregistrant une hausse encore plus importante de 14 %. (Pour plus d’informations sur cette étude, consultez « Value in motion: Methodology » (en anglais seulement) ).

Le graphique ci-dessous présente les perspectives du PIB canadien en fonction de ces variables liées à l’IA et au climat. Il compare les chiffres de référence du PIB pour 2023 et 2035 à trois scénarios mondiaux – décrits ci-dessous – en fonction de la rapidité et de l’efficacité avec lesquelles le monde (y compris le Canada) adopte l’IA et de la manière dont les effets diversifiés du changement climatique, y compris les risques et les opportunités, se manifestent.

Sélectionnez une barre ci-dessous pour voir les valeurs projetées et comment chaque scénario pourrait influencer le PIB canadien. La valeur du PIB canadien en 2023 était de 2,89 billions de dollars, et la valeur de référence du PIB canadien en 2035 est de 3,34 billions de dollars. 

Transformation fondée sur la confiance - 3,65 TS

  • Portée mondiale
  • Technologie responsable
  • Solutions durables

Dans notre scénario le plus optimiste, intitulé « Transformation fondée sur la confiance », les pays adoptent une approche coordonnée et coopérative en matière de déploiement de l’IA et d’action climatique, favorisant ainsi la productivité et la croissance économique. Le Canada enregistre une augmentation de 9,3 % de son PIB par rapport aux prévisions de référence pour 2035.

Transition tendue - 3,57 TS

  • Portée régionale
  • Technologie fragmentée
  • Durabilité à faible échelle

Dans notre deuxième scénario, « Transition tendue », un monde plus fracturé entraîne une perte de confiance dans les systèmes technologiques et des efforts de décarbonisation qui ne répondent pas aux objectifs de durabilité, baissant ainsi les gains de l’IA et haussant les coûts liés aux risques climatiques physiques. Il en résulte une augmentation du PIB du Canada de 6,9 % par rapport aux projections de référence.

Période de turbulences - 3,41 TS

  •  Intérêts atomisés
  • Technologie source de
    bouleversements et de division
  • Durabilité interrompue

Dans notre troisième scénario, « Période de turbulences », les tensions géopolitiques entravent la collaboration internationale, réduisant la confiance dans la technologie et les avantages économiques qu’elle génère. Les progrès limités en matière de climat accentuent les risques physiques et financiers. La croissance canadienne par rapport aux prévisions de référence n’est que de 2,1 %.

Remarque : tous les chiffres sont exprimés en dollars canadiens de 2022.

Source : Analyse de PwC

Un retard dans l’adoption de l’IA freinera la croissance canadienne

Ces conclusions font ressortir les avantages de la coopération et de la coordination mondiales dans l’élaboration de la trajectoire de croissance du Canada. Elles soulignent également l’impact économique que l’adoption de l’IA pourrait avoir sur la croissance dans le scénario le plus optimiste, intitulé « Transformation fondée sur la confiance ». Elles révèlent en outre un défi supplémentaire pour le Canada, compte tenu d’une autre conclusion clé de notre analyse : le taux d’adoption de l’IA au Canada est inférieur à celui des États-Unis.

L’examen des données de l’étude suggère que le taux de l’adoption de l’IA au Canada représente environ les trois quarts de celui des États-Unis, ce qui pourrait freiner relativement la croissance canadienne au cours de la prochaine décennie. Si la hausse du taux de l’adoption de l’IA dans le scénario le plus optimiste constitue un impact positif sur l’économie canadienne, la croissance restera toutefois en deçà de son potentiel à moins que nous ne parvenions à combler cet écart avec les États-Unis.

Il est également facile d’imaginer toute une série de chocs supplémentaires, au-delà des variables liées à la productivité tirée par l’IA et au climat, que notre recherche a mises en avant comme indicateurs de l’incertitude future. Par exemple, le retard dans l’adoption de l’IA et d’autres technologies de pointe pourrait rendre les entreprises canadiennes plus vulnérables aux perturbations provenant de l’extérieur du Canada, ce qui pourrait nuire aux perspectives de croissance globale du pays. Cela ne fait qu'accentuer l’urgence pour les entreprises canadiennes d’adopter et d’utiliser des technologies de pointe telles que l’IA afin d’innover dans leurs modèles d’affaires et opérationnels et d’obtenir des résultats qui vont au-delà des gains de productivité.

Combler l’écart en matière d’adoption de l’IA au Canada

Pour les entreprises canadiennes, la technologie de l’IA est essentielle pour rendre leurs activités plus viables, plus productives et plus compétitives. Les effets de l’adoption de l’IA sont illustrés dans le graphique ci-dessous. Celui-ci montre le taux de croissance annuel composé, entre 2023 et 2035, pour les domaines au Canada et aux États-Unis dans le scénario « Transformation fondée sur la confiance ». La croissance canadienne est plus lente, sauf dans le domaine « Construire », ce qui reflète les impacts du retard dans l’adoption de l’IA sur la productivité dans ce pays et souligne la nécessité pour le Canada de rattraper son retard.

Taux de croissance annuel composé, 2023-2035, scénario « Transformation fondée sur la confiance »

Domaine

Canada

États-Unis

Monde

Fabriquer

2,05 %

2,08 %

2,68 %

Construire

1,57 %

1,49 %

2,42 %

Soigner

2,08 %

2,42 %

2,76 %

Nourrir

1,87 %

2,31 %

2,86 %

Se déplacer

2,02 %

2,26 %

2,78 %

Alimenter en énergie

1,86 %

2,91 %

2,47 %

Gouverner et servir

2,19 %

2,24 %

2,76 %

Financer et assurer

2,01 %

2,39 %

2,79 %

Connecter et calculer

1,74 %

2,16 %

2,57 %

Autre

1,89 %

2,16 %

2,53 %

Source : Analyse PwC

Mesures pour les entreprises canadiennes

Que peuvent faire les entreprises canadiennes pour contribuer à réduire l’écart en matière d’adoption de l’IA? Avec un soutien gouvernemental adéquat, combiné à des partenariats avec des chercheurs, des universitaires et d’autres acteurs du secteur, les entreprises peuvent s’assurer que leurs investissements dans des technologies telles que l’IA et l’informatique quantique vont plus loin dans le développement et l’adoption de solutions qui résolvent des problèmes réels, gagnent de nouveaux marchés et transforment les modèles d’affaires.

Les entreprises doivent être prêtes à consacrer davantage de ressources à la recherche et au développement et peuvent envisager de nouvelles approches pour mettre l’innovation à l’échelle. Cela pourrait inclure la création d’une filiale axée sur l’IA et dont la mission serait d’expérimenter et de rechercher de nouvelles façons de créer, de saisir et de fournir de la valeur, même si cela perturbe les modèles d’affaires existants. Les entreprises peuvent également exploiter l’énergie créative de leurs équipes en encourageant leurs employés à expérimenter les outils d’IA afin qu’ils puissent proposer des innovations spécifiques à leurs fonctions et étendre l’adoption de ces outils à l’ensemble de l’entreprise.

La nécessité de changer les politiques publiques

Parallèlement, bon nombre des solutions nécessitent des changements de politiques publiques. Les gouvernements peuvent, par exemple, adopter des politiques d’approvisionnement qui privilégient l’achat de biens et de services auprès d’entreprises canadiennes prometteuses dans le domaine de l’IA, ce qui peut aider les acteurs nationaux innovants à se développer et à étendre leurs activités. Les gouvernements jouent également un rôle clé dans la stimulation et le soutien des investissements dans les infrastructures informatiques qui contribuent à l’épanouissement des écosystèmes d’IA.

Ces changements de politique s’accompagnent de la nécessité pour les gouvernements de prendre des mesures pour soutenir les solutions quantiques en tandem avec la technologie de l’IA. Il s’agit là d’une occasion unique pour le Canada, que nous devons saisir rapidement. Pour ce faire, les gouvernements doivent être prêts à adapter la réglementation relative à l’IA et aux technologies quantiques de manière à atténuer les conséquences imprévues tout en préparant le Canada à rivaliser avec d’autres pays qui se concentrent davantage sur la promotion de l’innovation. Les politiques visant à rendre le Canada plus attrayant pour les travailleurs possédant des compétences en IA et en informatique quantique seront particulièrement importantes, compte tenu de la tendance des entreprises innovantes à se regrouper et à rester là où elles peuvent trouver un grand bassin de talents clés.

Une autre mesure importante pour les gouvernements concerne également la question fondamentale de la confiance dans l’IA. Les entreprises seront plus disposées à adopter l’IA si celle-ci fonctionne efficacement, est déployée de manière responsable et inspire donc une confiance profonde. C’est pourquoi il est important de s’attaquer aux facteurs qui favorisent la confiance dans la technologie, en particulier à une époque où l’on s’inquiète de plus en plus de la manière dont l’IA peut être détournée à des fins malveillantes, telles que les cyberattaques et les atteintes à la vie privée. En bref, l’adoption de l’IA est indissociable de la confiance et de la sécurité, ce qui rend d’autant plus impératif pour les gouvernements de travailler en étroite collaboration avec les entreprises afin de renforcer la confiance dans les capacités de l’IA tout en redoublant d’efforts pour traiter et réduire les risques. 

Appel à l’action pour les leaders au Canada

Nos conclusions soulignent clairement la nécessité pour le Canada de faire preuve de l’esprit d’innovation, du sens d’entreprenariat et de la détermination qui ont alimenté sa croissance rapide dans le passé. Nous avons une longue histoire de réalisations, telles que nos contributions aux fondements de la technologie de l’IA et aux innovations dans le domaine de la production d’énergie, qui semblaient intimidantes, voire impossibles, au départ.

Si nos recherches font ressortir certains défis pour le Canada, il existe des avantages stratégiques évidents découlant des mégatendances mondiales et de la reconfiguration des industries dans les domaines.

Une grande partie de notre analyse s’est concentrée sur les mesures que les gouvernements et les entreprises canadiens peuvent prendre collectivement, mais c’est aussi un moment où les leaders peuvent faire une grande différence à titre individuel. En comprenant les forces en jeu et ce qu’elles signifient pour leurs entreprises, les leaders peuvent élaborer un plan visant à remodeler fondamentalement leurs organisations afin de les préparer à rivaliser avec leurs homologues mondiaux, quelle que soit l’issue des scénarios que nous avons présentés. Le moment est venu pour les leaders de regarder au-delà des frontières familières de leur industrie et de leur secteur pour réinventer leurs modèles d’affaires et construire l’avenir. Avec autant de valeur à saisir dans les domaines et inter-domaines, l’urgence – et l’opportunité – pour les leaders canadiens de définir l’avenir n’a jamais été aussi grande. 

1 Les chiffres du PIB mentionnés dans cet article sont exprimés en dollars canadiens de 2022

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