Entretien accordé à Sneha Peryagh pour le Défi Quotidien du jeudi 5 août 2021


Dans l'idéal, le retrait des aides doit refléter la reprise des activités économiques


Anthony Leung Shing, Senior Partner de PwC Mauritius, est d'avis que les mesures d'aide comme celles de la Mauritius Investment Corporation Ltd (MIC) ont joué un rôle important pour aider à absorber l'effet de la crise en termes de protection d'emploi et du nombre d'entreprises en faillite. Toutefois, il faudrait faire un bilan de l'efficacité de ce dispositif de soutien, insiste-t-il.

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Avec la réouverture des frontières, comment s’amorce la relance économique ?

La réouverture des frontières était inévitable et je pense que l'approche graduelle depuis le 15 juillet a été un bon choix. Cela a permis de mettre en place les procédures d'accueil, de régler les problèmes de démarrage, ainsi que d'affiner les campagnes de marketing. 

Le secteur du tourisme et de I'hotellerie contribue à environ 25% du PIB et cela envoie un bon signal à nos marchés. La réouverture des frontières représente une plaque tournante pour le pays et on ne pourra pas faire marche arrière.

Malgré le récent accroissement du nombre de cas recensés, les autorités ont résisté à un reconfinement national et cela représente un nouveau souffle pour l'activité locale. Au-delà du secteur touristique, la réouverture des frontières reflète une gérance plus souple de la pandémie (malgré les cas en hausse) et le fait quil faut apprendre à vivre avec la COVID-19. Cela aura un effet positif sur la reprise économique.

PwC Mauritius - Hospitality Industry

Malgré le récent accroissement du nombre de cas recensés, les autorités ont résisté à un re-confinement national et cela représente un nouveau souffle pour l’activité locale.

Quelles sont vos prévisions en termes de croissance et de recettes touristiques ?

L’objectif de 650,000 touristes dans les 12 prochains mois est clair, et représente une arrivée moyenne de 1,780 touristes par jour. Malgré les frontières fermées, environ 280 touristes sont arrivés à Maurice pendant le mois de juin, contre seulement 9 en 2020, selon les chiffres compilés par Statistics Mauritius. Les dernières estimations des opérateurs hôteliers indiquent un taux d’occupation dans les 25% en fin d’année. 

L’autre point qui impactera cette reprise est la connectivité aérienne. Pour le moment, on est encore dans le flou sur les plans de vols, même si certains transporteurs comme Air Austral, Emirates et Turkish Airlines ont confirmé leur arrivée. Il faudrait un atterrissage d’au moins cinq gros-porteurs quotidiennement pour atteindre l’objectif fixé et ce sera un défi difficile à relever. L’organisation mondiale du tourisme prévoit que l’industrie touristique retrouvera son niveau d'activité de 2019 qu’en 2023 et la reprise sera lente.

Avec la décroissance de l’année dernière, je m’attends à un rebond économique technique en 2021. La dépréciation de la roupie va aussi aider à nous rendre plus compétitifs. J’estime que le taux de croissance du pays tournera autour de 5%. 

Les aides accordées par l'État prendront bientôt fin. Quels en sont les dangers sur l'emploi?

À mars 2021, plus de Rs 8 milliards ont été dépensés sous le Wage Assistance Scheme, ce qui correspond à plus de 345 000 bénéficiaires. Avec une main-d'œuvre d'environ 590 000 (C'est-à-dire les personnes économiquement actives), cela représente plus de 55 % d'entre elles ayant reçu de laide, et c'est énorme. Le gouvernement a maintenu l'aide aux salaires jusqu'a septembre, qui coincide avec l'ouverture des frontières. Les amendements apportés par la COVID-19 (Miscellaneous Provisions) Bill pour sauvegarder l'emploi et la loi anti-licenciement ont pris fin en juin. 

Les conditions d'emploi pré-pandémie ont été rétablies. Le taux de chômage a été artificiellement maintenu et, malgré une hausse à 9,8 % pour le premier trimestre de 2021 (contre 6,9% pré COVID-19), il est à craindre que la situation se détériore. Mais, avec l'ouverture des frontières, la confiance des entreprises est de retour. Restons positifs!

PwC Mauritius - Wage Assistance Scheme

A mars 2021, plus de Rs 8 milliards ont été dépensés sous le Wage Assistance Scheme, ce qui correspond à plus de 345,000 bénéficiaires. Avec une main-d'œuvre d'environ 590,000 (c'est-à-dire les personnes économiquement actives), cela représente plus de 55% d’entre elles ayant reçu de l'aide, et c’est énorme.

Mais, vous conviendrez que I'État ne pourra pas indéfiniment soutenir les entreprises...

Comme je l'ai dit plus haut, l'aide aux salaires prend fin en septembre. C'est clair qu'avec une dette publique en pic à 95 % du Produit intérieur brut (PIB), I'État ne peut plus continuer à aider les entreprises, et les aides mises en place pour lutter contre le coronavirus devront évoluer.

Les mécanismes de soutien du gouvernement devront progressivement être enlevés afin que les entreprises puissent à nouveau voler de leurs propres ailes. Dans l'idéal, le retrait des aides doit refléter la reprise des activités économiques. II vaudrait mieux cibler les mesures et réduire les plans d'aide sans conditions au profit de ceux qui sont plus incitatifs à l'activité locale et I'investissement.

À mon avis, il faut s'attendre à une augmentation des entreprises en faillite, mais tout cela est important pour un retour au bon fonctionnement d'un marché libre. Mais, il ne faudrait pas confondre entre un simple effet de rattrapage d'entreprises qui auraient été défaillantes (COVID-19 ou pas), et les entreprises fragilisées par la pandémie.

La polémique enfle sur la MIC ou encore la CSG. Ces critiques sont-elles justifiées ?

Il convient de souligner que les mesures d'aide comme celles de la Mauritius Investment Corporation Ltd (MIC), ont joué leur role pour aider à absorber l'effet de la crise en termes de protection d'emploi et du nombre d'entreprises en faillite. Le bilan est donc globalement positif dans ce sens. Mais à quel coût? 

Il faudrait faire un bilan de l'efficacité de ce dispositif de soutien. Même s'il est encore trop tot pour évaluer l'effet multiplicateur ou systémique de la MIC, il faut plus de transparence. C'est important, car on parle de l'argent des contribuables. Tout d'abord, on pourrait évaluer les décaissements aux entreprises réellement affaiblies par la pandémie. 

Celles qui n'étaient pas viables ne devraient pas avoir bénéficié de ces aides. Il est aussi important que l'aide apportée prépare les entreprises pour le futur, et favorise ainsi I'investissement et l'embauche. 

La question de la Contribution Sociale Généralisée (CSG) a, quant à elle, été longuement discutée. Å mon avis, elle représente une taxe additionnelle, mais le point fondamental, c'est qu'elle n'est pas soutenable dans le long terme. 

Pour arriver à une pension de Rs 13 500 en 2023, le pays se retrouvera avec un déficit de Rs 6 milliards à combler, sans oublier les Rs 90 milliards de déficit du National Pension Fund (NPF). II est évident quil faudrait revoir cette formule de pension.

Les experts du Groupe d'Action Financière (GAF) seront à Maurice en septembre cette année. Croyez-vous que la juridiction mauricienne pourra sortir la tête haute de la liste grise en octobre ?

Lors de la dernière session plénière en juin, le GAFI a exprimé sa satisfaction par rapport aux efforts déployés pour pallier les manquements identifiés concernant notre capacité de surveillance et de prévention des risques de criminalité. 

Nous sommes en bonne voie pour sortir de la liste grise. Mais tout n'est pas gagné d'avance et il faut continuer nos efforts. Le plus important, pour l'instant, est la préparation à la visite des experts du GAFI en septembre. Au-delà de tout ça, notre image en tant que centre financier de la région a aussi pris un coup et nous devons accélérer notre campagne de relations publiques et de promotion. Notre priorité consiste à rétablir la réputation solide, fiable et sérieuse du pays.

 
 

The Finance (Miscellaneous Provisions) Act 2021

Summary of Tax and Regulatory measures, prepared in collaboration with PwC Legal (Mauritius) Ltd.

The Finance (Miscellaneous Provisions) Act 2021 (“Finance Act”) has been enacted following debate at the National Assembly. With the fight against the Pandemic entering its second year and a race against time to vaccinate its population, each country is rethinking its strategy to put the economic engine back into full power. Mauritius is not an exception! Despite the recent increases in the number of COVID-19 cases, Mauritius opened its borders on 15 July 2021. Fiscal and regulatory measures are also following suit.

We invite you to register and download our summary of Tax and Regulatory measures.

Download here

Finance Act 2021 - PwC Mauritius

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Anthony Leung Shing

Anthony Leung Shing

Country Senior Partner, Tax Leader, PwC Mauritius, PwC Mauritius

Tel: +230 404 5071

Ariane Serret

Ariane Serret

Senior Manager, Regional (EMA) Clients & Markets, PwC Mauritius

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