Pourquoi il est encore plus urgent pour les entreprises canadiennes de se réinventer à la lumière des nouvelles politiques
Maintenant que Donald Trump est devenu le président élu des États-Unis et que les républicains ont pris le contrôle des deux chambres législatives, nous avons analysé certaines des principales mesures que la nouvelle administration devrait adopter et comment celles-ci pourraient se répercuter sur les entreprises canadiennes dans un certain nombre de domaines, notamment la fiscalité, le commerce et le marché des transactions. Les nouvelles politiques pourraient également accélérer certaines des grandes tendances disruptives auxquelles les entreprises font face, qu’il s’agisse des bouleversements technologiques ou des changements liés à la chaîne d’approvisionnement et à la main-d’œuvre. Nous examinons ici quelques-unes des principales conséquences des mesures politiques américaines potentielles et ce qu’elles signifient pour les entreprises canadiennes qui cherchent à transformer et à réinventer leurs activités pour rester à la pointe du changement.
Le besoin pour les organisations canadiennes d’aller au-delà de l’optimisation de leurs opérations en transformant radicalement leurs activités n’a jamais été aussi urgent qu’aujourd’hui. Même avant les derniers événements politiques au sud de la frontière, les hauts dirigeants signalaient déjà la nécessité d’un changement majeur : 45 % des dirigeants internationaux (32 % au Canada) qui ont participé à notre 27e Enquête annuelle mondiale auprès des chefs de direction ont déclaré que leur entreprise pourrait ne plus exister dans dix ans si elle maintenait sa trajectoire actuelle.
Avec le retour de l’ancien président à la Maison Blanche en janvier 2025, nous pensons que l’impulsion pour réinventer le modèle d’entreprise sera encore plus forte. Les principaux domaines dans lesquels nous prévoyons des changements politiques qui influeront sur les stratégies à long terme des organisations sont les suivants :
Intelligence artificielle : Le président élu Trump pourrait adopter une approche potentiellement plus souple en matière de réglementation des technologies, notamment susceptible d’abroger le décret du président Joe Biden sur l’intelligence artificielle. Il est peu probable qu’un cadre réglementaire strict, tel que la loi sur l’IA de l’Union européenne, puisse être adopté par le nouveau Congrès ou échapper à un veto présidentiel. Un assouplissement réglementaire signifierait davantage d’autorégulation par les entreprises technologiques, un meilleur accès au capital et des investissements plus importants dans les jeunes entreprises du secteur de l’IA.
Pour les entreprises canadiennes, un tel scénario pourrait se traduire par une concurrence accrue pour l’obtention de capitaux destinés à financer l’innovation en IA. Il pourrait également accroître la pression sur le gouvernement canadien pour qu’il aligne ses lois sur celles des États-Unis afin de permettre à nos entreprises d’être compétitives. Par ailleurs, à mesure que la course à l’IA s’intensifie, il sera encore plus important pour les entreprises canadiennes de miser gros sur les stratégies d’IA qui prennent en compte non seulement les aspects technologiques, mais aussi ceux liés à la main-d’œuvre, aux risques et à la fiscalité, qui sont essentiels à la création de valeur commerciale tangible.
Cybersécurité et protection des renseignements personnels : Le président élu pourrait alléger la réglementation, mais la cybersécurité pourrait être l’exception. Dans les grandes lignes de son programme, l’administration entrante pourrait considérer la cybersécurité comme une priorité nationale, en particulier en ce qui concerne les infrastructures critiques. Selon les grandes lignes du programme républicain, cela pourrait donner lieu à des normes de sécurité plus rigoureuses, tout en veillant à éviter une réglementation trop lourde pour le secteur privé. Du point de vue de la protection des renseignements personnels, le programme fait référence à une éventuelle charte des droits numériques.
Le Canada considère lui aussi la cybersécurité comme une question de sécurité nationale, comme en témoignent le projet de loi C-26, qui a récemment franchi l’étape de la deuxième lecture au Sénat, et les réformes en matière de protection de la vie privée contenues dans le projet de loi C-27. Les entreprises canadiennes risquent de subir une double pression en devant s’aligner sur les nouvelles réglementations à la fois du Canada et des États-Unis. La cyberrésilience devient, dans ce contexte en mutation, une priorité essentielle, et les entreprises ont, à notre avis, tout intérêt à adopter des pratiques de pointe plutôt que les normes minimales énoncées dans les directives réglementaires actuelles.
Chaînes d’approvisionnement : La nouvelle administration pourrait adopter des mesures susceptibles d’entraîner des répercussions sur les chaînes d’approvisionnement, notamment des modifications à l’impôt sur les sociétés, la renégociation des accords commerciaux et l’instauration de nouveaux droits de douane. Ces changements pourraient rendre la fabrication aux États-Unis plus attrayante, ce qui pourrait inciter les entreprises basées à l’étranger à déplacer leurs activités au sud de la frontière.
Le retour du président élu à la Maison Blanche pourrait également mettre davantage l’accent sur les dispositions Buy American dans le cadre d’une politique industrielle plus large, ce qui pourrait entraîner une relocalisation accrue des activités à proximité ou à l’intérieur du pays, à mesure qu’on relève le seuil de qualification pour qu’un produit soit considéré comme étant fabriqué aux États-Unis.
L’évolution du contexte signifie que les entreprises canadiennes pourraient devoir transformer leurs activités et leurs structures de coûts en adoptant des solutions d’approvisionnement stratégiques, en ajustant les calendriers de la chaîne d’approvisionnement et en réévaluant leurs stratégies de gestion des matières.
Main-d’œuvre : Le président entrant pourrait aussi adopter des politiques susceptibles d’avoir une incidence sur la main-d’œuvre, tant aux États-Unis qu’au Canada. Les modifications aux politiques d’immigration, par exemple, pourraient exercer une pression à la hausse sur les salaires américains et entraîner des pénuries de main-d’œuvre.
Nous savons également que les pressions financières et une rémunération équitable sont des priorités pour les employés, comme le montre notre Enquête mondiale sur les espoirs et les craintes de 2024 des employés au Canada et dans le monde entier. L’augmentation des pressions salariales aux États-Unis pourrait susciter des réactions similaires au Canada, augmentant ainsi le risque d’interruptions de travail.
Ces pressions sur la main-d’œuvre surviennent à un moment où les politiques de la nouvelle administration et les pressions économiques plus générales exigent une accélération de la réinvention des activités de la part des entreprises canadiennes. Pour être en mesure d’accompagner le changement et la transformation, celles-ci doivent par ailleurs adopter une stratégie pérenne en matière d’effectifs. Cela peut nécessiter un éventail de mesures, allant de la mise en œuvre de solides processus de planification des effectifs et de programmes ciblés de perfectionnement et d’apprentissage à la création de stratégies convaincantes d’embauche et de primes qui améliorent l’attraction et la rétention des employés clés.
Structure de l’entreprise : Avec un accès amélioré aux capitaux et une déréglementation accrue à l’horizon, les entreprises verticalement intégrées dans des secteurs réglementés (comme les télécommunications, l’énergie et les banques) devraient repenser la manière dont elles créent de la valeur et gèrent leurs unités distinctes. L’une des possibilités d’augmenter la valeur de l’entreprise et les multiples d’évaluation consiste à examiner attentivement les performances et la valeur de leurs différentes unités et à adopter ce que nous appelons une approche de « son pur » (puretone) à l’égard de leur structure d’entreprise, avec un portefeuille plus cohérent et une logique d’organisation plus claire.
Peu importe le moment où la nouvelle administration adoptera de nouvelles politiques et l’impact de ces dernières, nous croyons qu’il sera essentiel pour les entreprises canadiennes de renforcer leur résilience face à une autre vague de changements. À notre avis, elles devraient envisager les mesures suivantes :
Garder une longueur d’avance sur l’évolution des risques et des questions réglementaires : L’adoption de nouvelles politiques et les changements réglementaires aux États-Unis étant susceptibles d’influer sur l’IA, la cybersécurité, la chaîne d’approvisionnement, la main-d’œuvre et d’autres aspects déterminants des affaires, les entreprises canadiennes doivent surveiller ces changements et s’y préparer de manière proactive. Articulez votre planification et votre stratégie autour des changements de politiques possibles pour en comprendre les incidences sur votre entreprise.
Accorder la priorité à l’agilité : Compte tenu de l’évolution rapide du contexte commercial, les entreprises canadiennes devront accorder la priorité à l’agilité. Ce faisant, elles devront investir dans la mise en place d’un effectif possédant les compétences et les capacités pour aider l’entreprise à composer avec le changement. Elles devront également renforcer leurs chaînes d’approvisionnement afin de réduire les risques, et transformer leurs activités et leurs structures de coûts tout en profitant des opportunités.
S’ouvrir au changement continu et à la réinvention : Les organisations doivent accroître leur capacité de réinvention à l’heure où s’ouvre une ère de changements et de bouleversements perpétuels. Alors qu’elles évoluent dans un environnement où convergent diverses menaces (géopolitiques, économiques, etc.), les organisations doivent s’ouvrir à la transformation et à la réinvention afin de tirer parti des événements perturbateurs.
Notre analyse des principales mesures que pourrait prendre l’administration Trump et de leurs impacts potentiels sur les entreprises canadiennes.
Consultez notre série d’analyses des résultats de l’élection américaine.
Associée, leader nationale, Plateforme Transformation de la main-d’œuvre, PwC Canada
Tél. : +1 416 419 9731
Associée, Cybersécurité, protection des renseignements personnels et lutte contre la criminalité financière, PwC Canada
Tél. : +1 416 687 9139
Leader nationale, Plateformes et associée, Fiscalité internationale, PwC Canada