Envisager la croissance par les fusions et acquisitions
Les fusions et les acquisitions accélèrent la croissance dans le secteur. Lorsque les sociétés atteignent une certaine taille, elles attirent plus de capitaux et offrent à des sociétés de taille moindre la possibilité de croître en faisant l’acquisition de leurs actifs non essentiels. Les transactions sont également une opportunité pour les minières canadiennes de rehausser leur statut et leur image de marque en effectuant des opérations axées sur la création de valeur stratégique à long terme.
Après une période de ralentissement des transactions, on note un regain d’intérêt des 40 principales sociétés minières pour les fusions et les acquisitions. La valeur des transactions annoncées a bondi de 137 %, soit 30 milliards de dollars américains en 2018, en raison d’une succession de transactions dans le secteur aurifère, de la demande croissante pour les métaux liés à l’énergie et d’une tendance des minières à optimiser leurs portefeuilles. Cet élan s’est maintenu en 2019, la valeur totale des transactions annoncées durant les quatre premiers mois de l’année ayant déjà dépassé celle de toute l’année 2017.
Certaines des plus grosses transactions ont été effectuées au Canada. Le pays compte pour plus du quart de la valeur totale des transactions de 2018, en raison de la réaction du secteur aurifère à la diminution du nombre de projets d’avenir, du recul des découvertes de sites exploitables et des gisements à haute teneur et d’un manque de projets de qualité à l’état embryonnaire. L’acquisition de Société aurifère Barrick par Randgold Resources Ltd. a enclenché une dynamique en 2018, qui s’est poursuivie cette année, notamment avec la prise de contrôle de Goldcorp Inc. par Newmont Mining Corp. et la cession par Yamana Gold Inc. de la mine Chapada (au Brésil) à Lundin Mining Corp.
Trouver la bonne voie vers la transformation numérique
Dans de nombreux secteurs, les grandes sociétés font des investissements suffisamment importants pour justifier la création d’un poste de direction consacré aux technologies de l’information. Parmi les 40 principales minières du monde, seules 7 ont un directeur des technologies, de l’informatique ou du numérique.
L’automatisation et l’informatisation prennent de l’ampleur dans le secteur, car les sociétés cherchent à réduire les coûts de production et à améliorer leur efficience. Toutefois, dans leur réflexion sur la stratégie à adopter, les minières devraient s’inspirer de la réussite des autres secteurs en matière de déploiement de technologies.
Voici un cas de réussite technologique dans le secteur minier : Mines Agnico Eagle est parvenue à implanter un réseau LTE à trois kilomètres sous terre dans sa mine LaRonde, au Nord-Ouest du Québec, après l’avoir testé dans un projet pilote l’année dernière. Comme ce réseau permet aux mineurs de communiquer et d’échanger en temps réel des données et de la vidéo, il améliore la productivité et la sécurité.
L'évolution de la technologie est tellement rapide que l’industrie minière doit faire preuve de souplesse dans sa façon de l’utiliser, ce qui nécessite que le personnel adhère au changement et en fasse la promotion.
Pour y arriver, les sociétés doivent observer attentivement les modes d’apprentissage et les besoins des employés. Ces derniers, la génération Y surtout, veulent apprendre et rester informés, mais ils recherchent aussi tout ce que la technologie peut offrir comme avantages personnels, notamment l’accès à distance à leur travail et davantage de souplesse dans les horaires.
Mettre en avant la richesse créée par le secteur minier
La création de richesse de l’industrie minière canadienne se chiffre à des milliards de dollars chaque année au profit de nombreuses parties prenantes, notamment les gouvernements, le personnel, les actionnaires et autres.
Par l’intermédiaire des impôts et des redevances, le secteur minier verse une part importante de ses fonds et de ses bénéfices aux gouvernements. L’an dernier, les 6 minières canadiennes figurant parmi les 40 premières du secteur à l’échelle mondiale ont versé un total de 1,6 milliard de dollars américains en impôts directs, 858 millions de dollars américains en redevances et 78 millions de dollars canadiens en contributions aux organismes communautaires. Pour les 5 sociétés à avoir indiqué les coûts du personnel, les salaires et cotisations ont totalisé 4 milliards de dollars américains. Les sorties de capitaux au titre des dividendes, des rachats d’actions et des dépenses d’investissement constituent une création de richesse supplémentaire.
Dans un contexte où l’opinion publique estime que les sociétés ne contribuent pas assez au bien-être collectif, il est important que les principales minières présentent aux parties prenantes un portrait complet de la situation. Les documents publics et les rapports financiers ne suffisent plus. Les sociétés doivent plutôt montrer l’ampleur de leur contribution à l’effort collectif.
Promouvoir la diversité
Pour que l’industrie minière puisse changer l’image qu’elle projette, ses acteurs doivent avoir un personnel diversifié, plus représentatif du milieu où elles exercent leurs activités.
Dans l’ensemble, les sociétés canadiennes classées parmi les 40 plus grandes minières du monde sont sur la bonne voie en matière d’amélioration de la diversité de genre, mais les changements sont lents. Les sociétés canadiennes réalisent quelques progrès : les femmes représentent le quart des nominations aux conseils d’administration, contre 21 % parmi les 40 plus grandes minières du monde. Quant aux nominations à la direction, le pourcentage est de 27 % de femmes pour les sociétés canadiennes, contre 12 % pour les autres.
En 2018, les conseils d’administration des 6 minières canadiennes figurant dans la liste des 40 plus grandes du monde étaient composés à 21 % de femmes, à égalité avec les autres sociétés sur la liste. Les directions étaient constituées de seulement 10 % de femmes, chiffre légèrement inférieur à celui de 11 % pour les autres sociétés. Ce chiffre soulève la question de savoir comment le secteur arrivera à trouver des femmes avec suffisamment d’expérience pertinente pour siéger aux conseils d’administration.
Les initiatives en faveur de la parité ne suffiront pas à elles seules à combler l’écart. Il est essentiel que la diversité des genres et l’inclusion fassent partie des priorités stratégiques des sociétés. Autrement dit, la solution ne doit pas se réduire à de simples ajouts aux politiques de ressources humaines. Ces enjeux nécessitent plutôt une supervision du conseil d’administration et un engagement de la haute direction. Les sociétés doivent intégrer la diversité et l’inclusion dans leurs objectifs, leurs processus d’évaluation de la performance et leurs rémunérations incitatives.
Affiner les politiques en matière de carbone
Les 40 plus grandes sociétés minières du monde ont beaucoup progressé dans la gestion de l’impact de leurs activités sur l’environnement. La plupart d’entre elles se sont imposé des cibles de réduction des émissions de gaz à effet de serre de 3 % à 5 % avant l’année prochaine. Elles ont également amélioré leur communication sur les questions de développement durable. Mais, dans le contexte actuel, la communication seule ne suffit pas pour gagner et conserver la confiance des parties prenantes, nombre desquelles veulent voir des progrès directs et tangibles.
Le secteur minier semble être resté à la traîne des autres secteurs en matière d’établissement d’objectifs environnementaux clairs et mesurables. Les acteurs du secteur doivent redoubler d’efforts, d’autant plus qu’un nombre croissant d’investisseurs institutionnels évaluent la qualité de la gestion par les entreprises des questions liées à l’environnement, à la responsabilité sociale et à la gouvernance avant d’envisager d’investir.
Les sociétés les plus pragmatiques ont fait des risques et des opportunités liés à l’environnement un enjeu stratégique qui exige une supervision directe de leurs conseils d’administration. Certaines conditionnent une partie de la rémunération globale à la qualité des actions des employés en matière de développement durable. Chez Ressources Teck par exemple, la performance liée aux questions de développement durable touche au moins 5 % de la prime annuelle cible des membres de la haute direction. Ce sont de telles idées et politiques qui permettront au secteur minier de rattraper son retard par rapport à l’évolution des attentes des parties prenantes et d’en suivre le rythme.