Le marché mondial des véhicules électriques (VE) évolue rapidement. Les politiques, la réglementation, l’élimination progressive des moteurs à combustion interne par les provinces, les plans pour la conception de nouveaux produits par les équipementiers, les investissements en infrastructures et l’adhésion de la clientèle sont autant d’éléments qui soutiennent l’adoption de ces véhicules. Très bientôt, le marché ne sera plus uniquement constitué d’acheteurs précoces, si bien qu’il faut saisir l’occasion qui se présente aujourd’hui de commercialiser les VE dans tout le marché en vue d’une adoption massive.
Le Canada a placé les véhicules électriques parmi ses facteurs clés pour atteindre sa cible de réduction de gaz à effet de serre dans le secteur des transports, qui est de 12 mégatonnes de CO2 d’ici 2030. Le pays peut donc jouer un rôle significatif dans le marché en évolution des VE. Cela dit, le succès passera par un écosystème dans lequel les participants collaborent entre eux. Comment se déroulera la transition vers les VE au Canada et comment tous les intervenants peuvent-ils unir leurs efforts pour maximiser les opportunités qui en découlent?
Le Canada vise une réduction de 12 mégatonnes de gaz à effet de serre dans le secteur des transports d’ici 2030.
Le Canada comptait plus de 25 millions de véhicules utilitaires légers immatriculés en 2019. Parmi ceux-ci, on retrouve 168 000 véhicules électriques, soit une infime partie du marché.
La situation devra changer rapidement. Car, sur sa cible de 12 mégatonnes, le Canada vise une réduction de 7 mégatonnes des émissions provenant des véhicules utilitaires légers d’ici 2030. Pour y arriver, il faudra retirer et remplacer 1,8 million de moteurs à combustion interne, soit 7 % du parc de véhicules.
Pour faire progresser cette transition, le Canada a annoncé de nouveaux objectifs en matière de ventes de véhicules, dont les VE devront représenter une part de 10 % d’ici 2025, de 40 % d’ici 2030, et de 100 % d’ici 2040. Cela équivaut à environ 3 % du parc de véhicules en 2025, 11 % en 2030 et 60 % en 2040. Bien qu’il s’agisse d’un objectif ambitieux, il demeure raisonnable dans les circonstances et compte tenu des annonces faites par les grands équipementiers de migrer vers une offre constituée exclusivement de VE. Des prévisions à plus long terme nous amènent à conclure que le parc de VE du Canada atteindra 100 % du total de véhicules immatriculés d’ici 2050.
Selon l’objectif du Canada, les VE devront représenter 10 % des ventes de nouveaux véhicules d’ici 2025.
Pour réaliser cette transition, il faudra tenir compte d’un certain nombre de facteurs :
Le coût total de propriété (CTP) est un facteur essentiel. Actuellement, le CTP d’un VE est de 15 à 30 % plus élevé que pour un moteur à combustion interne. Cela signifie que la proposition de valeur des VE demeure plus attrayante pour les personnes qui s’inquiètent de leur empreinte environnementale et de leur réputation sociale, pour les acheteurs précoces de technologies émergentes et pour les gens qui peuvent avoir accès aux incitatifs gouvernementaux pour compenser les coûts supplémentaires.
Nous estimons qu’au Canada, d’ici 2025, le CTP pour les trois premières années de possession d’un VE atteindra la parité avec celui d’un moteur à combustion interne. Par la suite, nous prévoyons un CTP plus avantageux pour les VE, ce qui entraînera une forte hausse des ventes et de l’adoption.
Les taxes sur le carbone auront des répercussions considérables sur le coût du carburant, si bien qu’elles pourraient représenter un tournant de la parité du CTP. Alors qu’au Canada, le prix prévu du carbone atteindra comme prévu 170 $ CA/tonne en 2030, l’impact sur le coût du carburant se traduira par environ 48 cents le litre d’essence. En parallèle, le coût des batteries baissera, ce qui pourrait aider à accroître le parc de VE de plus de trois millions de véhicules d’ici 2030.
Le réseau électrique est un autre facteur critique dans l’adoption des VE pour les véhicules utilitaires légers. À l’échelle nationale, on prévoit que le Canada pourra compter sur une production abondante d’électricité jusqu’en 2050, dont une grande partie proviendra de sources à faibles émissions.
Le défi consistera à gérer les impacts de la demande de pointe provenant de la recharge et du flux bidirectionnel, à mesure que les batteries de véhicules s’intégreront dans l’écosystème global d’énergie intelligente. Pour estimer les répercussions sur la demande, nous avons analysé les données de l’Université de Waterloo sur l’utilisation quotidienne du réseau résidentiel. D’après les tendances observées dans la région Kitchener-Waterloo, en Ontario, nous prévoyons que 38,7 MW supplémentaires d’électricité seront nécessaires pour recharger les VE lors des périodes de pointe dans cette région. Cela représente une augmentation d’environ 25 % de la demande de pointe si tous les VE prévus en 2030 devaient être rechargés en même temps.
De nouvelles solutions commerciales et techniques seront donc requises pour gérer ces impacts, comme :
Les infrastructures de recharge sont sans doute l’élément le plus important de la transition vers les VE, et pour en orienter l’évolution, les facteurs essentiels à prendre en considération comprennent ce qui suit :
L’emplacement des bornes de recharge. Dans une analyse récente des exigences de recharge pour les VE aux États-Unis, nos collègues de PwC US ont évalué que jusqu’à 80 % des recharges se feront à la maison, principalement en raison du coût et de la commodité de cette solution.
Le temps de recharge. Le temps de recharge suit de près le nombre de bornes parmi les facteurs importants. Nos recherches indiquent que les bornes de niveau 2 seront acceptables pour la recharge au travail. Mais pour les recharges sur la route et celles d’appoint, un réseau plus rapide constitué de bornes de niveaux 3 et 4 sera nécessaire.
Compte tenu de ces tendances, combien de bornes seront requises pour répondre au marché de la recharge en déplacement et atténuer l’angoisse de la panne, et comment cela se compare-t-il au réseau actuel de stations-service?
À l’heure actuelle, le Canada compte un total de 12 369 stations-service, dont 7 078 en milieu urbain et 5 291 en zone rurale. En nous basant sur le modèle prévoyant que 80 % des recharges se feront à la maison, nous estimons qu’un réseau de 7 060 bornes sera requis (1 769 en milieu urbain et 5 291 en zone rurale). La majorité d’entre elles seront nécessaires aux déplacements sur de longues distances, si bien que le réseau sera déplacé essentiellement vers les corridors ruraux et les principaux axes de déplacement.
L’adoption massive des VE nécessitera une collaboration dans l’ensemble de la chaîne de valeur, chaque intervenant y jouant un rôle clé, notamment :
Les forces du Canada dans ces domaines démontrent qu’il serait très avantageux pour notre pays de développer le marché des VE, conformément à ses cibles de réduction des émissions de gaz à effet de serre. Pour optimiser la rentabilité de cette opportunité, les intervenants devront évaluer leurs modèles d’affaires, leurs partenariats et leurs offres de services, et explorer de nouvelles possibilités de créer de la valeur grâce à une forte intégration de l’écosystème des VE. La communication entre les intervenants et la sensibilisation de ceux-ci seront également essentielles pour renforcer la confiance et soutenir la croissance du marché et de l’investissement.
Nous vivons une période stimulante, alors que les éléments critiques de la chaîne de valeur des VE prennent forme au Canada. Pour découvrir quels en sont les effets sur votre stratégie, et pour évaluer de quelle manière votre entreprise pourrait mettre à profit ces opportunités pour jouer un rôle clé dans ce marché en évolution, n’hésitez pas à communiquer avec nous.